leur société



Jamais la société n’a connu un tel écart entre les riches et les pauvres, jamais le parasitisme de la bourgeoisie n’a été aussi flagrant

Les trois personnes les plus riches de la planète possèdent autant que les six cents millions d’êtres humains les plus pauvres.

Les deux cents personnes les plus riches possèdent autant que 41 % de toute l’humanité, que 2 milliards et 300 millions d’hommes et de femmes.

Il ne s’agit pas des richesses de trusts, ou de pays, mais bien de richesses concentrées par des individus qui, par les pouvoirs du titre de propriété, des actions et de l’héritage, possèdent personnellement, en leur nom, toute l’économie.

Ces données livrées récemment par le PNUD (Programme de l’ONU pour le développement) montrent aussi que l’écart entre les plus riches et les plus pauvres n’a jamais été aussi profond.

Cet écart ne cesse de s’accroître. Les 5 % (280 millions) les plus riches de la planète sont 74 fois plus riches que les 5 % les plus pauvres. Alors qu’en 1990, l’écart était de 60 à 1, et en 1960, de 30 à 1. C’est dire que tous les progrès de la production de ces quarante dernières années n’ont profité réellement qu’à une petite partie du monde. Ainsi, les 20 % (1,1 milliard) de la population mondiale habitant dans les pays les plus riches concentrent 86 % de toutes les richesses produites au monde, quand les 20 % de la population mondiale des pays les plus pauvres ne disposent que de 1 % du PIB mondial.

Encore ces chiffres donnent-ils une vision déformée de la réalité, car au sein de ces tranches statistiques de 5 ou de 20 % de la population, les disparités sont énormes.

Dans les pays pauvres, le pillage par le colonialisme a laissé la place à l’exploitation par le marché de toutes les matières premières, entraînant la ruine des économies de ces pays, détruisant l’agriculture vivrière, jetant des millions de paysans, pasteurs, nomades, dans des bidonvilles, créant une classe ouvrière exploitée par les trusts européens et américains qui utilisent les Etats de ces pays comme des gardes-chiourme contre les révoltes des travailleurs et des pauvres.

Le recul des conditions de vie de milliards d’hommes et de femmes - 80 pays ont un revenu inférieur aujourd’hui à ce qu’il était il y a dix ans - ne vient pas d’une soudaine pénurie de richesses. Au contraire, malgré la crise, les progrès de la production et de la technique se poursuivent. Le recul vient de l’appropriation et de la concentration de toutes les richesses mondiales entre les mains des financiers des pays riches, qui font payer au monde leur guerre économique exacerbée par la crise, c’est cela la mondialisation, la nouvelle ère du capitalisme.

Durant cette période, de formidables moyens technologiques ont été développés, comme l’informatique et Internet. Eux aussi concentrés dans les pays riches qui détiennent par exemple 75 % des lignes téléphoniques, quand il n’y a pas un téléphone pour cent personnes au Cambodge, ou qu’en Afrique du Sud, un des pays les plus riches du continent africain, la plupart des hôpitaux et 75 % des écoles n’ont pas de ligne téléphonique.

La mondialisation plonge les peuples dans la misère, mais elle révèle aussi tous les progrès qui viennent du travail humain, la possibilité de satisfaire les besoins élémentaires de toute l’humanité. Elle révèle d’autant plus le parasitisme de la propriété privée de la bourgeoisie de tous les pays.

La misère qui se développe devient plus insupportable, éclairée par les progrès. Aussi, les aspirations à accéder à une vie meilleure ne peuvent que se développer, et avec elles, la colère et le sentiment de révolte de millions d’êtres humains contre l’absurdité et la violence des contradictions de cette société, et contre ceux qui possèdent toute l’économie.

Franck Coleman

Libérez Romain Binazon, membre de la Coordination des sans-papiers !

Romain Binazon, membre du secrétariat de la Coordination nationale des sans-papiers, vient d'être condamné à 3 mois de prison ferme et à 3 ans d'interdiction du territoire français pour refus d'embarquement.

Jugé en correctionnelle pour " rébellion contre agent de la force publique " dans le cadre des manifestations pour la régularisation des sans-papiers, il venait d’être condamné à 6 mois de prison avec sursis. Convoqué le 7 juillet à la Préfecture pour y remettre la copie de son jugement et pour " examiner sa situation ", il y a été arrêté et transféré à Roissy pour être expulsé, considéré comme une " menace à l’ordre public ". S’opposant à son expulsion, il a été emprisonné.

En s’attaquant à un des dirigeants de la Coordination nationale qui lutte depuis trois ans pour la régularisation de tous les sans-papiers, le gouvernement voudrait pouvoir briser le mouvement.

Par leur lutte, les sans-papiers ont, depuis trois ans, gagné l’estime et le soutien d’une large part de la population, obligeant Chevènement à régulariser plusieurs dizaines de milliers d’entre eux. Mais 60 000 femmes et hommes ont été déboutés de leur demande de régularisation, contraints aujourd’hui de vivre dans la crainte quotidienne d’être arrêtés et expulsés, ainsi que des dizaines de milliers d’autres qui, sans illusion, n’avaient pas déposé leur demande. Chaque jour, des places sont réservées dans les avions pour des expulsions. Et ceux qui refusent leur embarquement, bénéficiant du soutien des passagers et des membres d’équipage, sont immédiatement emprisonnés. L’un d’eux, Diawara, avait été condamné à un an de prison et n’a finalement été libéré, après plusieurs mois, que grâce à une campagne de protestation.

Romain Binazon doit être immédiatement relaxé et régularisé !

Carole Lucas

Refoulé par tous les Etats, condamné à vivre durant onze ans dans un hall d’aéroport…

Pendant onze ans, un homme d’origine iranienne a vécu en apatride dans l’aérogare de l’aéroport de Roissy.

Arrêté puis expulsé d’Iran par le régime du Shah en 1976 pour avoir participé à l’étranger à une manifestation contre le régime, il avait réussi à obtenir le statut de réfugié politique en Belgique. Mais ayant perdu ses papiers, il y a été emprisonné puis expulsé. Tentant de se rendre à Londres en 1988, il est alors refoulé vers la France où il est arrêté pour séjour irrégulier et emprisonné pendant 4 mois à Fleury-Mérogis. Ne sachant où aller, refoulé par tous les pays, il a passé onze ans dans l’aérogare de Roissy, survivant grâce à la solidarité des travailleurs de l’aérogare et de commerçants.

Durant onze ans, l’Etat français a refusé de lui donner des papiers et de le laisser pénétrer sur le territoire français. Au bout d’années de démarches et d’obstination, il vient juste d’obtenir une nouvelle carte de réfugié politique en Belgique.

C.L.

Fin du procès Crozemarie : le système pourri de l’argent facile encouragé par l'Etat

La semaine dernière s'est clos le procès de Jacques Crozemarie et de ceux qui se retrouvaient avec lui devant le tribunal correctionnel de Paris. Avec cynisme, Me Varaut a essayé de justifier les détournements opérés par Crozemarie en disant " il n'y a pas eu pillage, tout au plus grapillage " Il faut reconnaître que les méthodes de celui qu'un avocat d'un de ses associés qualifiait de " odieux et efficace ", n’étaient pas d’une grande originalité. Surfacturations de matériel et de prestations, honoraires fictifs, commissions versées sur des comptes en Suisse, voyages touristiques à l’étranger sous couvert d’études et de prises de contact, avec en prime une affaire de revente de villa dans le Var, dans laquelle le président de l’ARC aurait réalisé une confortable plus-value : les découvertes de la Cour des comptes ne déparent guère dans la liste des scandales qui envoyèrent pour un temps à l’ombre quelques maires de grandes villes.

L’escroquerie a suscité une indignation plus grande parce que commise au détriment d’une association dont le but déclaré était le financement de la recherche médicale, et dont l’essentiel des ressources provenait de dons et legs de particuliers, pas toujours très fortunés mais d’autant plus désireux de contribuer à la lutte contre le cancer que nombre de donateurs avaient été touchés par la mort d’un proche. La révélation des agissements du bon papa de la recherche médicale, celui qui n’hésitait pas à mettre en avant le témoignage de malades guéris ou la caution de cancérologues réputés pour faire rentrer toujours plus d’argent dans les caisses de l’ARC a légitimement révolté l’opinion. Nul ne s’insurgera si les réquisitions du procureur sont suivies et si les profiteurs de la charité écopent de quelques années de prison.

Pourtant, il n’y a guère de différence sur le fond entre Crozemarie, qui escroquait les bons sentiments, et ses congénères qui ont préféré les créneaux de la finance ou de la politique pour mener la grande vie. Les " affaires " ont ainsi démasqué ce petit monde de parasites qui vit soi-disant à cent à l’heure, se fait valoir en invitant journalistes ou vedettes de cinéma dans les grands restaurants ou sur son yacht, loue un avion privé pour un week-end sous les tropiques, tout un monde où l’on jette d’autant plus allègrement le fric par les fenêtres qu’on n’a pas eu à le gagner. On croit relire les canailleries d’Eugène Rougon et autres barons du Second Empire dans les romans de Zola. Ce monde d’affairistes, d’élus corrompus, de fausses gloires lancées par la télévision et la presse à scandale, prospère et s’affiche sous la dictature des marchés financiers, alors que les bénéfices des actionnaires se gonflent de la détresse des chômeurs et des exclus. Crozemarie et ses complices, qui ont puisé dans les caisses de l’Association de Recherche sur le Cancer, ne sont qu’une expression particulièrement odieuse de la pourriture d’un système qui ne respecte que l’argent. Une enquête de la Cour des comptes les a démasqués, mais combien d’autres continuent, qui savent simplement se montrer plus prudents.

Et puis cette dérive n’a-t-elle pas été facilitée par le fait que l’Etat se décharge sur les associations d’une part de plus en plus importante de son action sociale ? La lutte contre la maladie, contre la pauvreté relève de plus en plus des organisations caritatives. Même quand ils sont parfaitement honnêtes, et il y en a, leurs responsables avouent devoir consacrer une part significative de leurs ressources à la promotion de leur action. Et combien d’argent passe en réception de personnalités qu’il faut intéresser à la bonne cause, en voyages, en congrès ?

Dans le cas de la recherche médicale, nombre de chercheurs s’inquiètent d’être, pour réaliser leurs programmes, de plus en plus dépendants du téléthon et autres initiatives similaires ; non seulement la crise de confiance provoquée par le scandale de l’ARC a mis en péril une partie de leurs ressources, mais ils se voient obligés de quémander auprès des responsables d’associations, comme ils doivent le faire auprès des entreprises. Faute d’un financement public suffisant, la recherche se retrouve ainsi contrainte soit par des exigences de rentabilité immédiate, soit par des critères médiatiques (la myopathie se " vend " mieux à la télévision que le SIDA). Ce scandale du désengagement de l’Etat de la recherche médicale n’a pas été évoqué lors du procès. C'est pourtant bien lui le responsable de tous les gaspillages comme des " grapillages " et des " pillages " qu'il encourage.

Gianni Panini