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Les Verts menacent de quitter le gouvernement pour essayer de mieux marchander leur participation !

La semaine dernière, plusieurs responsables des Verts ont brandi la menace du départ des écologistes du gouvernement. D’abord il y a eu Baupin, un proche de Voynet, qui a déclaré que les Verts quitteraient le gouvernement si Jospin prenait la décision de lancer l’EPR, le programme de reconstruction de centrales nucléaires en discussion entre Framatome et Siemens… décision qui, en réalité, ne devrait être prise… qu’après les prochaines présidentielles de 2002 !

Puis il y a eu Noël Mamère soutenu par Cohn-Bendit qui a déclaré que " s’il n’y a pas une modification du mode de scrutin, alors là, oui, il faudra quitter le gouver-nement ".

Les politiciens Verts seraient-ils déterminés à défendre jusqu’au bout, sans concession, ce qui fait la base de leur programme après l’avoir mis dans leur poche depuis deux ans qu’ils sont au gouvernement ? Non, répondent-ils eux-mêmes ! " Ces propos relèvent d’un effet de manche à la veille d’un conseil national des Verts qui risque d’être chaud " a commenté Noël Mamère en parlant des menaces de Baupin mais cela peut tout autant s’appliquer à ses propres déclarations. Lui-même comme tous les responsables Verts considèrent que quitter le gouvernement serait la " pire des catastrophes ", et le secrétaire national des Verts, Jean-Luc Benhamias, a mis les choses au clair : " les Verts n’ont pas l’intention de quitter le gouvernement ".

A l’Université d’été des écologistes qui s’est ouverte à Lorient, Voynet soulignant qu’" il n’est pas possible de lancer tous les jours des ultimatums comminatoires " a réaffirmé qu’elle voulait continuer " à peser au sein du gouvernement " même si c’est au prix de quelques " compromis ".

Et des " compromis ", il y en a eu beaucoup depuis que Voynet est ministre, car en participant au gouvernement, les Verts ont accepté de se mettre au service des intérêts sociaux qu’il défend, ceux des actionnaires des trusts dont la seule préoccupation est leurs profits. Mais tous ces compromis ne leur ont rapporté que quelques strapontins ministériels, même après leur score de 10 % aux Européennes. Ainsi, le remaniement ministériel de juillet ne leur a donné aucun poste supplémentaire, et Jospin continue à ignorer superbement leur présence, plusieurs décrets " pro-nucléaires " sont passés cet été, la proportionnelle promise n’est toujours pas à l’ordre du jour, tout comme la régularisation des sans papiers... Et Voynet, impuissante, de se plaindre : " je suis parfois à bout. Je suis parfois excédée, fatiguée de la maîtrise et de l’équilibre du bon docteur Jospin ".

D’où un certain malaise parmi les Verts et cette petite guerre des déclarations. Les Verts voudraient négocier leur place au gouvernement sur la base de leur succès électoral mais les menaces de quitter le gouvernement ne sont que des rodomontades, car leur score ne correspond pas à leur poids réel dans le pays. Et Jospin a finalement bien moins besoin d’eux pour faire passer ses attaques contre les salariés que du PC qui, malgré ses mauvais scores électoraux, garde tout un réseau d’influence dans les appareils syndicaux.

C.M.

 

Eunice Barber, une " femme africaine " qui défie l'imbécillité chauvine

Toute la presse a retenti de cocoricos et s’est gonflée de fierté à l’annonce de " l’exploit français " aux championnats du monde d’athlétisme de Séville : " la France " a remporté la médaille d’or de l’heptathlon, l’épreuve sans doute la plus difficile et qui demande aux athlètes le plus de qualités. Les valeureux commentateurs ne tarissent pas d’éloges sur la championne qui a réussi cet exploit, la puissante sprinteuse noire du Sierra Léone, " l’étoile montante de l’athlétisme français ", Eunice Barber. Cette consécration mondiale est la 3ème remportée par des athlètes concourant sous le drapeau tricolore, après les sprinters... noirs, Pérec et Diagana. Tous les commentateurs qui ne manquent jamais une occasion de pousser leur petit refrain nationaliste, faute de champions du terroir, n’hésitent pas dans ces cas-là à tout accommoder à la sauce tricolore, et c’est ainsi que la jeune africaine Eunice Barber, fière d’être, à juste titre, " la première femme africaine à remporter ce titre mondial ", est devenue, pour toute la presse, la " Rémoise " (elle vit et s’entraîne à Reims depuis son arrivée en France), ses origines sierra-leonaises n’illustrant plus, dans les pages sportives, qu'un lointain passé.

Son parcours est celui de beaucoup de jeunes sportifs des pays pauvres, que ce soit dans l’athlétisme, le football ou d’autres sports, à qui leur pays n’a pas les moyens de donner leur chance sur les stades et qui ne peuvent accéder au plus haut niveau de la compétition mondiale que sous le drapeau des pays riches. Repérée par un coopérant français en poste à l’ambassade de Freetown, la capitale du Sierra Léone, la gamine des quartiers pauvres qui battait tous les garçons à la course, a été prise en main dans le club sportif créé par ce Français qui lui a proposé de s’installer en France pour mener la carrière de championne que son pays, ravagé par la misère et la guerre depuis 1990, ne pouvait lui offrir. Naturalisée française en février dernier, elle fait partie de la petite minorité de ressortissants étrangers qui a obtenu tout naturellement ses papiers.

Les sportifs offrent le magnifique spectacle de leurs performances, les dirigeants et la presse des pays riches n’ont que le fric, le drapeau, et l’imbécillité nationale des chants de victoire.

C.A.

 

Tunnel du Mont Blanc en réfection : petits travaux pour sécurité minimum, promoteurs de tous les pays…

Cinq mois après le drame de l'incendie du tunnel du mont Blanc, l'heure est aux grands travaux et plusieurs sociétés sont en lice pour la réfection définitive. Comme souvent, l'appel d'offres officiel cache un secret de Polichinelle, ce sera certainement la Setec l'heureuse élue. C'est la Setec qui a procédé aux aménagements du tunnel sous la Manche après l'incendie de 1997 et elle déjà qui a supervisé l'expertise scientifique du Mont Blanc, après l'incendie du 24 mars. C'est dire l'indépendance de ces experts. Michel Lévy, le PDG de la Setec, est tout à fait confiant d'autant qu'il a un argument de poids : il est encore moins cher que ses concurrents et se vante de pouvoir " faire les travaux pour un milliard de francs, au lieu des 1,3 milliards prévus par le ministère, sans rogner sur la sécurité ". Il y a pourtant de quoi s'inquiéter : son projet est bien en deçà de ce que préconisait un rapport déjà minimaliste, qu'il avait lui-même cautionné. Mois après mois, toutes les promesses et travaux annoncés au lendemain de la catastrophe se rétrécissent comme peaux de chagrin. Les pompiers et de nombreux élus réclamaient la création d'une vraie galerie de sécurité, seule solution pour permettre aux secours d'évacuer très rapidement les usagers, mais cette idée avait été abandonnée d'emblée, jugée trop chère (plus de 2 milliards de francs). Le rapport proposait en revanche de créer des voies d'urgence de part et d'autre de la chaussée. Ce qui n'a rien à voir, et ne présente déjà plus les mêmes garanties de sécurité. Mais aujourd'hui, Lévy estime que les voies d'urgence coûteraient aussi cher que la galerie et, tournant le dos au rapport, défend finalement une autre solution : " relier tous les refuges à la gaine d'évacuation située sous la route ". Ça marche… si la chaussée ne fond pas. Comme ce fut le cas le 24 mars dernier. Bien sûr, il reste toujours les refuges et là, la Setec ne mégote pas : " leur nombre sera pratiquement doublé " (de 18 ils passeraient à 35, c'est-à-dire un refuge tous les 300 mètres). Utile… à condition que ces salles hermétiques aient une excellente étanchéité thermique. Or le matériau choisi, des plaques de silicate de calcium haute température, ne résiste pas à plus de 400 degrés. C'est-à-dire qu'au delà de cinquante minutes, le refuge n'offre plus aucune protection… Le jour de l'incendie, il faisait 1300°C au point le plus proche du foyer, pendant plus de trente heures.

A condition donc que la chaussée ne fonde pas, qu'il n'y ait aucun véhicule ce jour-là sous le tunnel, et qu'il n'y ait finalement jamais aucun incendie, le projet " économique " de la Setec semble assez approprié : pas cher, et rapide. Or la vitesse est un des éléments du dossier. En effet, il existerait bien un enduit susceptible de supporter des chaleurs équivalentes à celles du dernier incendie, mais seule l'aéronavale l'utilise et ce produit n'a aucun agrément civil, or l'obtention d'un agrément demande, au bas mot, une bonne année. Alors que la Sétec prévoit un calendrier serré pour permettre la réouverture du tunnel au mois d'octobre 2000. Un calendrier de remise en route des profits qui sera un argument de plus pour remporter le marché…

Sarah Lee

 

L'intégrisme catholique en lutte contre le darwinisme ou le dernier combat d'une espèce condamnée

Le Conseil d’éducation de l’Etat du Kansas, qui décide des programmes des examens des différentes écoles de l’Etat, vient de voter la suppression dans les programmes de toute référence aux théories de Darwin sur l’évolution des espèces par six voix contre quatre. Il impose ainsi l’enseignement des idées religieuses sur la création du monde par Dieu, telle qu’elle est décrite dans la Bible, condamnant les théories scientifiques au nom d'élucubrations d’un autre temps.

Cela fait maintenant plusieurs années que les fondamentalistes chrétiens exercent leur pression sur toute la société, en prenant, comme ici, des places stratégiques dans des organismes de décision pour tenter d’imposer leurs idées moyenâgeuses ou en n’hésitant pas à recourir à des actions terroristes comme le font les commandos anti-avortement. Ainsi, Etat après Etat, les " créationnistes ", à l’image de " l’association pour la Création " au Missouri qui voudrait " faire une loi contre l’évolution ", voudraient ramener la connaissance de notre histoire et notre compréhension de l’univers des siècles en arrière : " au commencement, Dieu a crée le ciel et la terre, c’est aussi simple que cela " dit d’ailleurs cette même association. Et les mots de s’accompagner d’actes, de nombreux enseignants se plaignant d’agressions verbales de la part d’élèves et de parents rejetant l’évolution au profit des explications fantaisistes de l’Eglise.

Il est notable que cela soit dans un des pays les plus développés, les USA, que ces nouveaux croisés, défenseurs en matière sociale des idées les plus réactionnaires, aient trouvé un terrain des plus favorables. En effet, dans un pays qui a tous les moyens d’une vie moderne et démocratique, qui a connu un développement des techniques et des moyens de production sans précédent, de la révolution industrielle jusqu’à Internet aujourd’hui, mais dont l’organisation sociale reste parasitée par une infime minorité, cette minorité ne peut justement se maintenir qu’en s’appuyant sur les préjugés les plus réactionnaires. C’est en exacerbant et attisant les idées les plus conservatrices qu’elle parvient à maintenir sa domination et à imposer son ordre à toute la société. L’obscurantisme religieux dont on a ici la démonstration, le racisme ou l’oppression des femmes en sont les manifestations les plus révoltantes. Alors tant mieux si la bigoterie de ces fanatiques d’un autre temps provoque une levée de boucliers des milieux enseignants, universitaires et même du gouverneur de l’Etat du Kansas, mais tant que nous n’aurons pas réorganisé la société de façon cohérente, de manière à permettre la satisfaction des besoins de tous, les pires idées du passé continueront à peser sur toute la société.