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Jospin ouvre la voie a l'arnaque des fonds de pension

Reprenant les arguments de ses prédécesseurs de droite comme de gauche sur le naufrage qui guetterait les caisses de retraite, le gouvernement Jospin a décidé d'autoriser la mise en place des fonds de pension.

Dans le système actuel de retraites par répartition, la Sécurité Sociale, les caisses complémentaires et les régimes spéciaux fonctionnent de la même manière : les cotisations prélevées sur les salaires des actifs financent les pensions versées aux retraités.

Le patronat dénonce une charge sociale insupportable qui alourdit le coût de la force de travail et qui, refrain connu, nuit à la compétitivité des entreprises. Son objectif est de la voir transférée sur d'autres payeurs, comme il l'a déjà obtenu pour les allocations familiales.

Mais surtout, pour les capitalistes, les banquiers, les compagnies d'assurances, ce système présente un grave inconvénient : des centaines de milliards sont collectés et redistribués sans générer le moindre profit.

Avec les fonds de pension, ils verraient leurs revendications satisfaites. On passerait à un système de capitalisation, où les salariés devraient épargner pour leur retraite. Les capitaux collectés seraient placés sur les marchés financiers, banquiers et assureurs entendant bien prendre toute leur place dans le nouveau système.

Pour les salariés, il s'agit d'une arnaque à tous les niveaux. Sans même parler d'une utilisation spéculative de leur épargne, comme celle qui a obligé l'Etat britannique à se substituer au groupe Maxwell défaillant, le système par capitalisation n'offre aucune garantie supplémentaire quant au niveau des pensions à venir. Avec la répartition, ce niveau est lié au nombre d'actifs occupés et à leur capacité contributive, c'est-à-dire à l'évolution de l'emploi et du niveau de vie : c'est le chômage qui pèse aujourd'hui sur l'équilibre des caisses de retraite. On note d'ailleurs que l'hypothèse d'un retour au plein emploi ne figure pas dans les prévisions des auteurs de rapports catastrophiques, qui spéculent en revanche très sérieusement sur ce que sera la population active en 2040, alors qu'une bonne partie de ceux qui la formeront ne sont pas encore nés. Mais avec la capitalisation, le niveau des pensions dépendra tout autant de la situation économique du moment. De plus, les bénéfices des capitalistes viendront diminuer d'autant les montants reversés : alors que les frais de gestion des actuelles caisses de retraite sont de 3 % des sommes collectées, ceux des compagnies d'assurances sont nettement plus élevés.

La solidarité entre les générations, sous la forme du salaire différé, serait remplacée par un retour aux vieilles valeurs bourgeoises, selon lesquelles un bon pauvre se doit d'être prévoyant. Dans la pratique, comme il ne saurait être question de basculer totalement d'un système sur l'autre, les fonds de pension serviront au départ à assurer des compléments de retraite, et ceux qui ne pourront se les payer se trouveront réduits dans l'avenir à un " minimum vieillesse " misérable.

C'est dire que pour faire avaliser une telle arnaque, le gouvernement aura besoin de s'assurer la complicité des directions syndicales aujourd'hui réticentes, sinon franchement hostiles. C'est pourquoi dans un premier temps, il propose une gestion " de gauche " des fonds de pension à laquelle participeraient les " partenaires sociaux ". Il vise juste, car les bureaucrates peuvent espérer ainsi quelques prébendes supplémentaires. Certains, comme des dirigeants de la FEN et de FO, qui condamnent les fonds de pension, ne gèrent-ils pas déjà des organismes comme la Préfon, caisse de retraite complémentaire à l'usage des fonctionnaires qui repose sur la capitalisation ?

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 HLM : 130 000 logements inoccupés

De plus en plus de travailleurs, de jeunes, de familles ayant des revenus trop faibles ou ne pouvant plus faire face aux impayés se retrouvent mal logés ou à la rue. Et pourtant 130 000 HLM vides ont été recensés. Libération du 6 juillet rapporte les propos de Michel Ceyrac, PDG des 3 F (Société de HLM) : " ... lorsqu’on leur propose un logement, ils sont de plus en plus sélectifs sur le choix de la localisation de l’immeuble ". Une telle affirmation n’a pas d’autre but que de cacher les vrais problèmes. Les sociétés de HLM laissent les logements se dégrader, soit parce qu’elles ont comme projet de les raser, ou tout simplement parce qu’elles n’y font pas les travaux d’entretien et d’aménagement nécessaires. C’est généralement pour ces raisons que des personnes refusent un logement. Et c’est bien légitime, mais ce qui l’est beaucoup moins, c’est la sélection systématique qu’opèrent les sociétés de HLM, qu’elles soient privées ou publiques. De plus en plus c’est l’absence d’attaches familiales ou professionnelles dans la ville qui sert de prétexte au refus d’attribution de logement. Il va de soi que ce critère touche tout particulièrement les travailleurs sans emploi et les personnes ou familles d’origine étrangère.

Il y a aussi des critères moins officiels mais particulièrement révélateurs du type de sélection opérée. Par exemple, à Rouen, il est arrivé à la Société Rouen Habitat (office public) de demander le carnet scolaire des enfants. En fait, les sociétés de HLM gèrent leur parc immobilier avec des critères de rentabilité et investir dans des HLM où habitent des familles ouvrières dont les ressources d’année en année diminuent à cause du chômage, cela n’est pas rentable. En guise d’investissements, pour certains ensembles d’immeubles, elles tentent d’opérer de savants dosages : écarter des familles à faibles ressources de l’attribution de logements pour sélectionner d’autres familles aux ressources supérieures en faisant le calcul que l’introduction de celles-ci dans ces ensembles en ralentira la dégradation. C’est une petite alchimie sordide qui montre le degré de cynisme social auquel aboutit l’adaptation à la crise de cette société.

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 Commune de Canéjan (33) : l’eau, source de profits pour la lyonnaise

Lors du dernier conseil municipal, le maire a présenté un rapport annuel sur les services de l’eau potable et de l’assainissement.

Comme l’immense majorité des communes, la mairie de Canéjan a choisi de confier l’exploitation de l’eau de la ville à une société de fermage, en l’occurrence le trust de la Lyonnaise des Eaux.

Le contrat passé entre la commune et la Lyonnaise est un véritable contrat de brigandage. Les plus gros frais reposent sur la commune, toute l’infrastructure est à sa charge : les bâtiments, l’entretien des forages et des stations d’épuration, les appareils d’incendies, les clôtures des stations d’épuration, etc... La Lyonnaise des Eaux, elle, se contente de distribuer l’eau... mais aussi les factures ( ! ), de relever les compteurs et de changer quelques morceaux de tuyau par-ci par-là.

Le rapport remis par le maire est parlant. Si les bénéfices réels de la Lyonnaise n’y sont bien évidemment pas mentionnés, le partage de la recette d’exploitation (c’est-à-dire la somme totale des factures d’eau payées par la population), lui, est clair : 93 millions de centimes sont empochés par la Lyonnaise, alors que la commune n’en perçoit que 38 millions. Un comble alors que c’est la commune qui fournit la matière première, l’eau.

Le Conseiller municipal " Voix des Travailleurs " a dénoncé ce pillage des fonds publics par les actionnaires de la Lyonnaise et défendu la nécessité d’une gestion publique de l’eau, communale ou intercommunale, avec la vente de l’eau à prix coûtant.

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 Pour aggraver l’exploitation, à la SCASO, tous les moyens sont bons

La SCASO 3 constitue avec la SCASO 1 les principales centrales d’achat Leclerc de la région, situées à Toctoucau près de Bordeaux. La majeure partie du personnel embauché, qui vient de l’entrepôt de Coutras où il ne reste plus que quelques personnes, a dû accepter le déplacement quotidien (plus d’une heure en voiture) sous peine de licenciement. Mais les mauvais coups de la direction ne s’arrêtent pas là. En effet, depuis quelques semaines, on a droit à des réunions sur l’Europe ayant pour but de nous solidariser avec les objectifs compétitifs de Leclerc. Certes, sans grand succès car certains d’entre nous disaient, qu’à se faire exploiter, en francs ou en euros, un SMIC est toujours un SMIC. D’autres ironisaient sur la direction qui disait " l’Europe, c’est Leclerc " . Les 35 heures étant à l’ordre du jour pour la rentrée, on nous laisse entendre qu’il faudra travailler le samedi. Des réunions, il y en a eu d’autres, où ils ont pris soin de séparer caristes et préparateurs de commandes, avec l’objectif " d’améliorer les quotas ". A l’aide d’une carotte, prime allant de 200 à 500 F en se tuant à la tâche et sans grand espoir d’y parvenir, et d’un bâton, des réunions régulières pour un " meilleur suivi ". Le patron qui déplorait le manque d’enthousiasme que cela soulevait, a dû revoir sa copie car depuis, il n’y a pas eu d’autres réunions mais des convocations individuelles pour faire pression et où il n’était plus question de primes. En même temps, c’est aux pauses qu’ils s’attaquent, car maintenant on ne peut plus finir notre café et comme on en prend quand même le temps, il serait question de pointer aussi à la pause. Au moins la pointeuse fraîchement arrivée sera rentabilisée. Mais cette fois-ci, le mécontentement commence à s’exprimer : l’augmentation des commandes, le fait de les faire préparer par les caristes, les départs en vacances non remplacés, la réduction du nombre d’intérimaires et les heures supplémentaires demandées (et refusées de plus en plus) alors qu’on abuserait des pauses, cela fait beaucoup. Il est souvent dit qu’ils n’ont qu’à embaucher car ce ne sont pas les chômeurs qui manquent.

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 ICFA Bordeaux : l’apprentissage sur le dos des personnels et des apprentis

L’apprentissage est à la mode. Le gouvernement vient de l’élargir aux plus de 25 ans. Nous travaillons à l’ICFA, un centre de formation pour apprentis qui s’est formé suite à la dissolution de Centres de Formation pour apprentis gérés par les communes de l’agglomération bordelaise. La formation des apprentis est passée sous le contrôle direct d’un organisme patronal tout en restant financée pour une large part par les fonds publics versés par le Conseil régional.

Onze enseignants ont été licenciés ainsi que la totalité du personnel administratif et de service. Les enseignants réembauchés ont perdu du salaire, leurs horaires de travail sont passés de 23 à 39 heures, les vacances de 14 à 7 semaines. En plus des 44 enseignants permanents, ont été embauchés une centaine de vacataires faisant entre quelques heures et quasiment un temps plein d’enseignement, ce qui est illégal. Le personnel administratif embauché est moitié moins nombreux pour faire le même travail, les salaires des secrétaires plafonnant à moins de 6000 F. Pour l’entretien, il n’y a plus que deux salariés fixes qui touchent 4790 F par mois pour 39 h, le reste de l’entretien ayant été cédé à une société de nettoyage sous-traitante où les salariés doivent faire entre 5h 30 et 8h du matin le travail fait auparavant en 8 heures. Ces contrats vacataires privent les salariés de toute rémunération pendant les vacances scolaires, mais aussi à la fin du contrat car ils n’ouvrent pas de droit aux ASSEDIC.

La direction de l’ICFA a pour les apprentis le même mépris, elle est complice des patrons " maîtres d’apprentissage " qui font ce qu’ils veulent avec " leurs " apprentis. Ainsi, des jeunes de 16 ans sont contraints de travailler jusqu’à 72 heures par semaine pour 25 % du SMIC. Lorsque les enseignants expliquent aux apprentis les droits élémentaires des salariés, la direction en fait un motif de rupture du contrat pour les vacataires.

Mais nous sommes un certain nombre à ne pas vouloir nous laisser faire. Ainsi, quand l’une d’entre nous, agent de service, a été menacée de licenciement, notre réaction collective de solidarité a fait reculer la direction. Nous avons fait revivre des sections syndicales CGT et CFDT et imposé, malgré les pressions, des élections de représentants du personnel.

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 La poste l’été, c’est pas la joie !

En période d’été la distribution du courrier est parfois perturbée. On peut comprendre les raisons d’un tel état de fait quand on connaît les coulisses de la Poste. Durant toute l’année déjà le sous effectif est un mal chronique. On sait que la Poste bat les records d’emplois sous contrat en généralisant le travail précaire. Elle a l’exclusivité par exemple des CDII, contrats à durée indéterminée intermittents, qu’elle peut convoquer à tout moment de la journée. Elle leur demande de s’équiper d’un répondeur pour être plus opérationnels.

L’été le manque de personnel est encore plus catastrophique. Pour y pallier, la Poste embauche des saisonniers, souvent des enfants du personnel. A la Recette Principale de Rouen et cela ne doit pas être une exception, ils sont formés à la va-vite, en un jour ou deux. Puis, ils sont parachutés dans des quartiers inconnus, dans une ville que certains n’ont jamais parcourue avant et la plupart ne peuvent pas effectuer la distribution dans le temps prévu. Ils débordent largement les horaires. Non payés pour les heures faites en plus, ils rentrent harassés à 17h, 17h30.

Comme si cela ne suffisait pas, on leur demande parfois de rempiler. Cela s’est passé récemment à la R. P. de Rouen où un saisonnier rentré à 17h30 a été sollicité pour faire du tri au service général. L’excuse invoquée est de dire que personne n’est obligé de faire ce travail supplémentaire. Mais on sait bien ce que signifie volontariat dans de telles conditions : il est difficile à un employé saisonnier de refuser. Le simple fait de proposer à un travailleur présent depuis 6h le matin de prolonger sa journée jusqu’à 19h30, c’est-à-dire d’effectuer 13h30 d’affilée sans manger et sans faire de pause est en soi inadmissible !

Tout le monde pâtit du fonctionnement à l’économie de la Direction de la Poste, les saisonniers qui s’épuisent dans des tournées infaisables, les guichetiers qui épongent les réclamations, les usagers insatisfaits.

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 Lendemains de fête du football... Les chômeurs à nouveau expulsés

Mercredi 15 juillet, les CRS ont expulsé les 20 militants d'AC ! Bordeaux qui occupaient une ancienne pension privée de retraités depuis le 5 mai. Dès le début de l'occupation, le tribunal avait exigé l'évacuation, comme lors de la précédente occupation d'une ancienne clinique du CHU.

Cette fois, le délai a été plus long, non pas que le préfet et les pouvoirs publics s'étaient rangés de notre côté, mais Coupe du Monde oblige, ils ne voulaient pas de remous, ni troubler leur " France qui gagne ".

La réalité a vite repris le dessus : les défilés militaires ont clos la fête du foot et le lendemain... nous étions jetés à la rue ! Dans un communiqué envoyé à la presse, nous précisons : " Après une première mi-temps au CHU, une deuxième dans la maison de retraite, le match n'est pas fini, nous poursuivons les prolongations "...

Ce mardi 21 juillet, une proposition nous a été faite à la DDASS d'être tous relogés dans une ancienne clinique privée de Bordeaux avant le 1er août. Nous savons ce que valent les promesses, depuis des mois que nous en faisons l'expérience, et nous verrons vite ce qu'il en sera cette fois.

Nos premières réactions sont que " si cette fois, les promesses sont tenues, ce sera une victoire de notre lutte " mais " au cas où ils auraient encore l'intention de nous mener en bateau, nous sommes décidés à maintenir la pression jusqu'au bout ".

Alors, ce mercredi 23 juillet, nous avons envahi le bâtiment qui servait à héberger les organisateurs de la coupe du monde de football, à côté du stade de Bordeaux.

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