Les grandes puissances impérialistes parlent de paix et de démocratie, mais sèment la haine et la violence
Tous les journaux et les télévisions du monde se font l'écho complaisant du mauvais roman d'alcôve qui défraye la chronique aux USA, comme si le fin du fin de la démocratie était cette étrange enquête à la recherche de quelques traces de sperme présidentiel dont le sort du monde, à les en croire, dépendrait. Qua-t-il fait ? Qua-t-il dit ? A-t-il menti ? Cette pantalonnade présidentielle mise à nu par un juge inquisitorial sûrement plus avide de notoriété que de " vérité ", mascarade ridicule et règlement de comptes politique, ne peut faire oublier les drames que vivent de par le monde des millions d'hommes victimes, à un titre ou à un autre, de la domination des grandes puissances dont les USA sont les maîtres.
L'attentat qui a eu lieu samedi dernier en Irlande du Nord dans la petite ville d'Omagh en est un sanglant témoignage. Un tel attentat aveugle qui a frappé indifféremment les communautés catholique et protestante, causant la mort d'au moins 28 personnes, et faisant des centaines de blessés, soulève la colère, une légitime révolte que toute la presse s'attache à flatter.
Oui, bien sûr, les auteurs de cet attentat, semble-t-il des dissidents de lIRA, sont étrangers aux intérêts des populations, dont ils méprisent le sort comme la vie. Mais comment peut-on en venir à commettre de tels actes désespérés aussi monstrueux et aussi vains ?
Aucun des hommes politiques si prompts à s'indigner n'est capable, ou plutôt ne veut répondre à ces questions. Pas plus qu'il y a un mois, ils ne voulaient s'expliquer sur les causes des provocations des militants extrémistes protestants qui avaient entraîné la mort affreuse de trois jeunes enfants catholiques.
Comment, dans le camp catholique ou dans le camp protestant, des hommes peuvent-ils se sentir acculés au point de se livrer à une telle folie meurtrière ? A cette question, les Tony Blair, pas plus que leurs alliés américains, les Clinton et autres, ou français, les Chirac et Jospin, ne veulent apporter de réponse, pour la simple raison que la responsabilité en incombe aux Etats qu'ils servent.
Aujourd'hui, ces politiciens se font des âmes de colombes, soucieux d'apporter au monde la paix et la démocratie. Mais ce qu'ils appellent, eux, la paix et la démocratie, n'est qu'une nouvelle forme de leur domination sur les peuples.
Pendant des décennies, ils ont maintenu leur pouvoir en opposant les catholiques aux protestants en Irlande comme ils ont opposé au Moyen-Orient les Palestiniens aux Israéliens, ou joué, en Afrique, les peuples et les ethnies les uns contre les autres.
Aujourd'hui, les plaies qu'ils ont ouvertes se ravivent du fait même de la façon dont ils voudraient imposer leur " paix " à ceux-là mêmes qu'ils ont armés et enrôlés au service de la défense de leurs propres intérêts, tout autant qu'à ceux qu'ils ont dressés contre eux. C'est ainsi que les uns se sentent floués et bafoués alors que les autres ne voient dans les manuvres de paix qu'une nouvelle provocation, une nouvelle humiliation, pour les faire céder, les plier à la volonté du plus fort. Cest ainsi que des minorités, esprits déséquilibrés et brisés par des années de guerre, sengagent dans une folle fuite en avant meurtrière.
Oui, dans cette société soumise à la loi des Etats surarmés qui servent les intérêts de la grande finance, il n'y a pas de paix équitable et démocratique possible. Une paix équitable et démocratique, cela voudrait dire que chacun des partis puisse décider de son propre sort, et que cette liberté de choix lui soit garantie, alors que les grandes puissances n'ont qu'un souci, imposer la dictature de la finance contre tous les peuples.
C'est pour les mêmes raisons que la guerre en Afrique ne cesse de rebondir, comme on peut le voir aujourd'hui au Congo avec l'effondrement du régime de Kabila, jusqu'alors soutenu par les Etats-Unis, ou qu'ont lieu des attentats comme ceux qui ont frappé les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya la semaine dernière.
Oui partout, les grandes puissances humilient et brisent les peuples qu'elles vouent à la misère. Partout, c'est leur politique qui fait naître la haine, la violence, violence de désespoir, réponse aveugle à une violence dominatrice, quotidienne, exercée méthodiquement et systématiquement contre des millions d'hommes pour les mettre à genoux.
Les grandes puissances corrompues qui exercent cette violence barbare contre les peuples en s'appuyant sur les dictateurs et les intégrismes les plus réactionnaires, sont bien incapables d'apporter la paix et la démocratie. Leurs hommes politiques amusent la galerie en étalant avec morgue et suffisance les plus petits actes de leur vie privée. Toute honte bue, ils se livrent à une mascarade de démocratie pour tromper leurs propres peuples, auxquels ils imposent, aux Etats-Unis comme ici, licenciements, chômage et bas salaires pour entretenir l'euphorie boursière.
La véritable démocratie, c'est le droit des travailleurs et des peuples à décider librement de leur sort. La paix c'est le droit de vivre ensemble dans le respect mutuel et une libre coopération pour concourir au bien-être de tous. L'une et l'autre ne pourront naître que des luttes pour en finir avec la domination des rapaces de la finance, protégée par les armées des Etats qui les servent et que les fantoches de la politique à la Clinton s'attachent à masquer.
35 heures : le patronat a loffensive, le gouvernement joue les hypocrites et le soutient
Laccord sur les 35 heures signé fin juillet dans la métallurgie entre lUIMM et FO, la CGC et la CFTC est une attaque directe contre les conditions de travail et de vie des salariés. Les patrons ont renforcé la flexibilité et lannualisation. Le contingent dheures supplémentaires a été doublé : il passe de 94 heures à 180 heures, voire à 205 dans certains cas. La durée maximale du travail hebdomadaire a été repoussée de 46 à 48 heures et pour certaines catégories de salariés, les patrons se donnent le droit de les faire travailler 12 heures par jour et 44 heures par semaine sur une période de 12 semaines consécutives. Quant aux cadres et agents de maîtrise, leur disponibilité totale à légard du patron est officialisée par lapplication dun forfait " sans référence horaire ", ce qui laisse les mains libres aux patrons pour leur imposer des heures supplémentaires à leur entière convenance.
Il ny a donc pas une seule mesure dans cet accord qui représente un quelconque avantage pour les salariés, cest dune attaque en règle du patronat quil sagit. Cet accord, signé par la plus importante fédération du CNPF, donne le ton et la voie à suivre à lensemble du patronat. Dailleurs dautres fédérations patronales ont emboîté le pas à lUIMM : celle du Bâtiment notamment qui projette de faire augmenter le nombre dheures supplémentaires et den diminuer la rétribution et qui a calculé comment ne plus inclure le temps de trajet pour se rendre sur un chantier dans le temps de travail effectif
La loi Aubry se révèle donc pour ce quelle était depuis le départ malgré tout le cinéma fait par le patronat et le gouvernement pour en cacher les causes et les effets réels : un moyen daccentuer la flexibilité et lannualisation, de sen prendre aux salaires. La réaction dAubry est dailleurs digne de cette attitude hypocrite du gouvernement qui sous couvert dune " avancée sociale " ouvre des brèches au patronat pour sen prendre aux salariés. Elle a fait mine de désapprouver cet accord quelle a qualifié de " virtuel " mais elle sest bien gardée dannoncer quelle sy opposerait en refusant de signer larrêté dextension nécessaire à son application et qui dépend du ministère du Travail. Et dans la foulée elle a déclaré que lapplication des 35 heures devait saccompagner de " modération salariale ". Voilà qui est clair.
Quant aux directions syndicales comme celles de la CGT et de la CFDT qui nont pas signé laccord mais crient à la " trahison de lesprit de la loi sur les 35 heures ", elles ne font quapporter de leau au moulin du gouvernement et à sa volonté de tromper les salariés sur le contenu et les objectifs réels de cette loi.
Reste que cet accord a le mérite de montrer clairement les choses et de donner raison à tous ceux qui dans les entreprises affichent leur méfiance à légard du projet gouvernemental et de lusage que comptent en faire les patrons. Et puisque le patronat et le gouvernement mettent sur le tapis dans lensemble du pays les problèmes de salaires, de réduction du temps de travail et dembauches, cest-à-dire les problèmes vitaux pour le monde du travail, cest donc à nous, à tous les salariés visés par ces mesures de discuter de nos revendications et de les mettre en avant : la réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 heures ou moins, sans annualisation ni flexibilité, sans gel ni baisse des salaires et la mise en uvre dun partage du temps de travail qui permette des embauches.
Dévaluation du rouble : la Russie devenue le jouet des financiers
Le milliardaire américain Soros, qui avait provoqué la dévaluation de la livre anglaise en 92, raflant au passage un milliard de livres, avait déclaré jeudi dernier dans le Financial Times que le rouble devait être dévalué de 15 à 20 %. Cest chose faite, preuve sil en est que léconomie russe est devenue, comme toutes les économies du monde, et en premier lieu celle des pays pauvres, le jouet de la finance internationale.
Le rouble a été dévalué lundi dernier, la Banque Centrale russe cessant de soutenir son cours, et le laissant flotter, officiellement, à lintérieur dune fourchette de lordre de 20 à 25 %, et dans les faits bien plus, de lordre de 50 %. Le bluff dEltsine jurant quil ny aurait pas de dévaluation, avant et après, nempêche pas la faillite provoquée par la rapacité des spéculateurs russes et occidentaux.
Malgré le prêt dun montant total de 22,6 milliards de dollars accordé en juillet par les organismes internationaux, lEtat russe sest encore enfoncé dans la banqueroute. Il lui faut en effet 30 milliards de dollars dici la fin de lannée pour faire face aux échéances de remboursements des bons du Trésor à court terme, les GKO, alors quil ne peut plus emprunter de capitaux sur les marchés financiers désertés par les investisseurs. Pour défendre le cours du rouble, en en achetant massivement, la banque Centrale russe a du débourser presque un milliard de dollars par semaine dans la période qui a précédé la dévaluation.
La décision de dévaluer a suivi de peu une réunion avec les responsables du FMI, qui ont du sincliner comme le gouvernement russe devant les faits imposés par les spéculateurs qui, anticipant la dévaluation, se sont débarrassés de leurs roubles au prix fort maintenu par les achats massifs de la Banque centrale, précipitant par là même la dépréciation de la monnaie russe.
Les capitaux des financiers se reportent du marché russe comme des autres marchés dits " émergents " sur les valeurs-refuge que sont le dollar et les obligations et actions des marchés financiers occidentaux, ce qui soit dit en passant explique leur euphorie actuelle, provoquant dans les pays pauvres de nouvelles catastrophes, dont les conséquences ne manqueront pas datteindre les économies occidentales.
Tout laisse prévoir que le gouvernement russe sera impuissant à maintenir le cours du rouble même ainsi dévalué, et à empêcher une inflation galopante. Les experts économiques prévoient une faillite des banques russes qui ne pourront payer leurs dettes dont la plus grande partie est libellée en dollars.
Mais cest la population qui va payer de souffrances, encore accrues sil est possible, cette faillite. Les plus riches, les milieux daffaires, ont accumulé des fortunes en dollars, et certains ne se cachaient pas de souhaiter une dévaluation. Cest une bonne affaire, à court terme, pour les exportateurs de matières premières, métaux, gaz et pétrole, qui se règlent la plupart du temps en dollars, et qui seront plus compétitifs sur le marché mondial. Une campagne pour la dévaluation a été menée sur deux chaînes de télévision possédées par des magnats russes, comme quoi ce serait un bon moyen pour réduire la dette de lEtat vis-à-vis de tous ses salariés, qui, autrement dit, seront payés en monnaie de singe.
La population russe va encore subir une dégradation terrible de ses conditions de vie : 50 % des produits alimentaires, et 90 % à Moscou, sont importés, et leur prix augmente déjà. Les banques et bureaux de change ont été assaillis de gens voulant changer leurs roubles en dollars, en vain la plupart du temps, parce que les banques disent ne plus avoir de liquidités, mais cest surtout dans les magasins quil y a le plus de monde, parce que la plus grande partie de la population, qui na aucune économie, essaie dacheter de la nourriture avant lexplosion des prix.
Eltsine et son gouvernement, malgré le surcroît de discrédit et de haine quils sattirent ainsi, vont sans doute bénéficier dun répit dû au désarroi de la population et surtout à labsence de toute opposition organisée. A la douma, les députés communistes jouent les opposants, parlant même aujourdhui de réclamer la démission dElstine, mais cest pour proposer un gouvernement dunion nationale comprenant tous les opposants au gouvernement, jusquau très réactionnaire général Lebed. Ils ont approuvé une partie du plan anti-crise de Kirienko et du FMI, comme la diminution de 5 % de limpôt sur les bénéfices des sociétés et une réduction des allocations familiales, et sils sopposent jusqu'à présent à dautres mesures comme laugmentation des cotisations aux fonds de retraite ou les licenciements massifs dans la fonction publique, cest uniquement parce quils veulent utiliser le mécontentement de la population pour marchander leur place. Lun dentre eux vient dailleurs dentrer au gouvernement comme ministre de lindustrie avec lapprobation dune partie de ses collègues. Mais tous, comme tous les politiciens russes et occidentaux, ont peur de lexplosion sociale quils savent inévitable, tant les travailleurs russes nont plus rien à perdre. Ce quexprimait cyniquement le président de la BERD (la banque européenne pour la reconstruction et le développement des pays de lEst) : " la capacité de souffrance du peuple russe est incroyable, mais il serait erroné de trop tirer sur la corde. "