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L’économie mondiale menacée de krach et de récession : les états impuissants à réguler la marche cyclique et anarchique du capitalisme

L’effondrement du rouble et de la bourse de Moscou suivi de la baisse de toutes les bourses occidentales, qui continuent, après le lundi noir de Wall Street, leur jeu nerveux de yo-yo marque une nouvelle étape dans la propagation de la crise financière née il y un peu plus d’un an en Asie.

Cet inquiétant développement de la crise et la récession qui pourrait devenir mondiale suscitent bien des interrogations au sujet de la possibilité des Etats de maîtriser la marche de l’économie. Certains se demandent comment revenir à un régime où la finance serait non le maître, mais le serviteur de l’investissement et de la production.

La façon dont les médias présentent la crise comme une simple crise financière due à l’irresponsabilité de chefs d’Etat et de spéculateurs laisse croire qu’il serait effectivement possible de mettre de l’ordre dans le système, de revenir à un capitalisme productif, rationnel et raisonnable.

Cela est une pure illusion.

Le capitalisme a connu durant les années cinquante et soixante, après la deuxième guerre mondiale, une courte période d’expansion durant laquelle les Etats et les grandes banques intervenaient pour réguler la croissance. L’intervention de l’Etat était rendue possible et nécessaire par la reconstruction après la deuxième guerre comme par la nécessité de faire face aux soulèvements des peuples coloniaux pour leur émancipation dans un monde où l’existence de l’URSS exerçait une pression sur les grandes puissances impérialistes.

Cette période est révolue et le capitalisme reprend sa marche cyclique et anarchique d’une économie qui ne connaît d’autre régulation que le marché et les crises.

Avec la mondialisation, les dérèglementations, les réformes économiques que le FMI impose aux différents Etats pour donner libre jeu à la concurrence et au marché, l’économie mondiale revient à une sorte d’économie de libre concurrence à l’échelle mondiale. Ce qui au XIXème siècle se passait au niveau de l’Europe dominée par l’Angleterre se déroule aujourd’hui à l’échelle mondiale sous la férule des Etats Unis.

L’hypertrophie financière n’est pas le résultat d’une perversion morale de ceux qui dirigent l’économie, elle est le résultat de la marche même du capitalisme.

Plus la production se développe, plus elle est diversifiée et complexe, plus elle est contrainte de fonctionner à crédit, de pratiquer l’endettement généralisé. Tout capital investi dans la production ne peut attendre que les marchandises soient vendues pour réaliser son profit. Alors il le réalise de façon anticipée sur les marchés financiers. Cette anticipation provoque un gonflement croissant de la finance, des crédits, des dettes au point que l’ensemble de l’économie repose sur un océan de dettes et de spéculations.

Tant que la production tourne, elle alimente en profits le casino boursier où les capitalistes se partagent la plus-value. Dés que la production ralentit par manque de débouchés, la méfiance s’instaure, les capitaux s’affolent, veulent empocher leur bénéfices, cherchent de nouveaux investissements. C’est ainsi que la crise financière est l’expression d’une crise plus profonde de production.

Elle se répand parce que cette crise de production gagne toute l’économie. La production ne fournit plus assez de profits pour satisfaire les besoins des capitaux. Il y a trop de capitaux pour pas assez de profits, il faut éliminer les plus faibles.

C’est la logique même, organique, du capitalisme. Tout ce que peuvent essayer de faire les Etats et le FMI, c’est éviter des effondrements trop brutaux, la panique pour que les " réajustements nécessaires " selon l’expression des économistes ne soient pas trop brutaux et donc n’ait pas trop d’effet négatif sur la production.

" Les corrections boursières " ne sont pas seulement des corrections de papier, mais bien des ruines et des faillites qui menacent d’aggraver la récession économique qui est à leur origine.

Nous sommes actuellement à la fin d’un cycle économique d’une économie de plus en plus interdépendante. La hausse ininterrompue des bourses, la surchauffe, arrive à sa fin. La production ne suit plus la folle boulimie du capital, la tendance s’inverse, le krach est inévitable.

Aucune mesure ne peut réguler cette course du capital auquel les Etats sont soumis. Seuls les travailleurs en imposant leur contrôle sur la propriété privée pourront y mettre de l’ordre. Il faut exproprier les expropriateurs.

 

 

Citation : Engels à Marx, le 19 novembre 1844

" Cet égoïsme, si insensé et en même temps si conscient de lui-même, en est arrivé à un tel point d’exacerbation qu’il ne saurait maintenir plus longtemps son caractère étroitement individuel, mais doit se transmuer sur le champ en communisme. Premièrement, c’est un jeu d’enfant de démontrer à Stirner que ses hommes égoïstes doivent, à force même d'égoïsme, devenir nécessairement des communistes. Voilà ce qu’il faut rétorquer à notre homme ! deuxièmement, il faut lui dire que le cœur humain est, de prime abord et immédiatement, désintéressé dans son égoïsme et qu’il finit donc par aboutir à des conclusions qu’il combat. Ces quelques banalités suffisent à réfuter l’étroitesse de cette conception. Mais nous devons également adopter ce que ce principe a de vrai. Et ce qui est vrai sans conteste, c’est que nous sommes d’abord obligés de faire nôtre une cause, d’en faire une cause égoïste avant même de pouvoir faire quoique ce soit pour elle ; donc, sous ce rapport, c’est aussi par égoïsme, abstraction faite d’éventuels espoirs matériels, que nous sommes communistes et c’est par égoïsme que nous voulons être des hommes et non de simples individus. "

 

 

Algérie : les massacres, résultat de la lutte des clans au pouvoir pour le pillage des richesses, avec l’accord du FMI

En Algérie les attentats continuent. L’un des derniers qui s’est produit le lundi 31 août a provoqué le massacre d’une vingtaine de personnes et blessé une soixantaine d’autres au milieu d’un marché du quartier populaire de Bab-el-Oued à Alger à une heure de grande affluence. Ce marché est un des moins chers d’Alger et attire les habitants les plus pauvres.

Les attentats n’ont rien d’aveugle ou d’irrationnel puisque la plupart visent à terroriser la partie la plus déshéritée et la plus exploitée du peuple algérien. Dans les campagnes, les tueries les plus importantes ont frappé des paysans pauvres pour faciliter la récupération de leurs terres, tout particulièrement dans des régions fertiles. Elles sont commises par des groupes armés soudoyées par des hommes d’affaires.

Les gens au pouvoir ont eux aussi besoin que se maintiennent quelques bains de sang commis aussi bien par le GIA que par l’armée elle-même pour éliminer tous ceux qui gênent leurs trafics très profitables et pour maintenir un climat de trouble justifiant leur dictature.

L’élément nouveau est que la population est moins dupe que jamais et ne se laisse plus paralyser par la menace d’attentats terroristes. Une partie d’entre elle a la volonté de demander des comptes aux autorités. Sous la pression d’une campagne animée notamment par le Parti des Travailleurs (PT) de Louisa Hanoune, celles-ci viennent d’accepter de créer des bureaux d’accueil pour toutes les personnes à la recherche d’informations sur des parents " déclarés disparus ". Le pouvoir demande hypocritement aux gens de fournir les documents pouvant aider à retrouver leurs proches alors que ce sont les forces de sécurité qui sont responsables de la disparition de milliers de personnes ces dernières années. Pour le seul secteur d’Alger, 1500 personnes auraient été enlevées par les forces de sécurité sans qu’on sache rien du sort qui leur a été réservé. Il n’en reste pas moins que le gouvernement a dû commencer à reculer publiquement sur une question considérée par lui comme " tabou ".

Mais la question qui préoccupe le plus la population est celle de la dégradation à vive allure de ses conditions d’existence. Les attentats ont provoqué le déracinement de nombreuses familles qui se retrouvent sans domicile et sans revenus. L’effondrement du prix du pétrole et les mesures dictées par le FMI provoquent une misère inouïe. Le dispositif déjà extrêmement faible de protection sociale se trouve balayé. Les denrées de base ne sont plus subventionnées par l’Etat. En juillet dernier, les trois quarts des retraités n’ont pas touché leur pension. Des épidémies de maladies qui avaient disparu comme la rougeole, la diphtérie ou la typhoïde entraînent de nombreux décès.

Par contre, les nantis proches du pouvoir accaparent de plus en plus de richesses grâce à l’ouverture du commerce extérieur au secteur privé lancé depuis 1994 sur l’ordre du FMI. Les clans au pouvoir ou proches du pouvoir ont transformé le monopole d’Etat en monopoles personnels notamment sur l’importation des médicaments, des produits alimentaires ou des matériaux de construction. Les prêts du FMI ont eu pour seul effet de donner un coup de fouet à la corruption des hommes au pouvoir et des hommes d’affaires. Le régime de Zeroual est en train de lancer un programme de privatisations qui va encore plus enrichir une minorité et dégrader les conditions de vie des travailleurs ne serait-ce que par les milliers de licenciements qui sont prévus. Cette docilité intéressée du régime dans l’exécution des " réformes " viennent de lui valoir les félicitations du FMI qui est donc prêt à rééchelonner la dette de l’Algérie. Mais l’agression contre les classes populaires est tellement brutale qu’elle a toutes les chances de susciter la prise de conscience des travailleurs de leurs intérêts et de la nécessité d’utiliser leurs armes de classe pour stopper la catastrophe sociale actuelle.

  

Congo : Kabila sauve son régime en attisant les rivalités ethniques

L’internationalisation du conflit congolais, à la suite de l’intervention militaire directe du Zimbabwe et surtout de l’Angola en soutien à Kabila, alors que les forces hostiles à celui-ci sont armées par le Rwanda et l’Ouganda, aboutit de fait pour l’instant à une partition du Congo entre différentes sphères d’influence. La puissante offensive angolaise a permis au régime de Kabila de reprendre officiellement en fin de semaine le contrôle du sud-ouest du pays, notamment le port de Matadi, essentiel pour le ravitaillement de la capitale Kinshasa, ainsi que le barrage d’Inga qui alimente celle-ci en électricité. Cela permet surtout à l’Angola, en occupant cette partie du Congo, de sécuriser la bande côtière vers sa riche enclave pétrolière de Cabinda, au nord, dont il est séparé par l’embouchure du fleuve Congo.

Le revers subi par les " rebelles " opposants à Kabila dans cette région est loin de signifier la fin du conflit : ceux-ci continuent à contrôler l’est du pays, la province du Kivu, frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, et semblent même progresser vers le sud du pays dans la lutte pour le contrôle du Katanga, la région minière la plus riche du pays. L’éventualité d’une stabilisation des fronts et d’une guerre larvée longue n’est pas à écarter, les bandes rivales se contentant de ce qu’elles ont sous leur domination faute de pouvoir infliger une défaite totale à l’adversaire. Elles savent bien que pour les grands trusts miniers occidentaux et pour les pays impérialistes les " partitions " ou les " sécessions " ne sont pas des freins aux affaires, bien au contraire, l’essentiel étant que l’ordre règne.

Le régime de Kabila, sauvé in extremis par l’intervention angolaise et d’ores et déjà sous la coupe de son puissant voisin, a misé sur l’exacerbation des rivalités ethniques pour retrouver un appui dans la population. Jeudi et vendredi dernier, alors que les combats entre l’armée et les insurgés avaient lieu dans l’est de Kinshasa, de véritables appels au meurtre contre " l’ennemi tutsi " (accusé d’être " l’ennemi intérieur " allié au rwandais et aux rebelles) lancés par le gouvernement Kabila ainsi que l’armement de " milices d’autodéfense " déclenchaient une véritable chasse à l’homme dans les rues de la ville. Toute personne reconnue comme Tutsi était capturée et brûlée vive à l’aide d’un pneu enflammé autour du cou. Des dizaines de milliers de personnes ont été chassées par l’armée des quartiers est et sont venues s’entasser dans le centre ville dans des conditions extrêmement difficiles alors que la ville est toujours privée d’électricité, d’eau souvent et que la nourriture se fait rare.

Lorsque Kabila est arrivé au pouvoir il flattait la haine des Hutu, dont plusieurs milliers ont été alors massacrés ; aujourd’hui il encourage au massacre des Tutsi. Fomenter les rivalités ethniques c’est pour Kabila et ses alliés, comme pour ses adversaires, un des biais de l’accession ou du maintien au pouvoir dans cette région de l’Afrique. Les pays impérialistes qui soutiennent les uns ou les autres au gré de leurs intérêts sont les premiers responsables de ces massacres.