Le Pen se crispe sur les européennes tandis que Mégret se prépare déjà aux présidentielles
La fête du Front national dite des " Bleu-Blanc-Rouge " aura été loccasion pour Le Pen de montrer à ses troupes et aux partisans de Mégret que lheure de laprès Le Pen na pas encore sonné. Alors quil risque dêtre invalidé par la justice et de ne pas pouvoir mener la liste du FN aux élections européennes, Le Pen na voulu laisser aucun espoir à tous ceux qui comme Mégret aimeraient bien se débarrasser de son encombrante personne. Il leur faudra subir encore pour toute une période les diktats du chef, ses lubies et son style mêlant brutalité, gouaille pseudo-populaire avec forts relents de thèmes racistes et fascistes. Le Pen imposera donc sa femme Jany comme tête de liste aux européennes en cas dinvalidation pour que son nom brille de mille feux, même si le score du FN devait en pâtir.
Tant quil tient les rênes du pouvoir au FN, Le Pen ne fera grâce de rien à tout ce panier de crabes que sont les notables du FN qui sagitent autour de lui. Il a résumé à sa façon ce qui selon lui a permis la " force " et la " progression constante " du Front national : " unité de commandement et discipline du mouvement ". Mégret et ses amis commencent à trouver cette discipline auto-centrée sur Le Pen bien pesante dans la mesure où ils ambitionnent dattirer dans leurs rangs des politiciens de la droite classique ou de passer des alliances avec eux. La diatribe de Le Pen à la dernière fête du FN contre " la fausse droite ", contre le RPR et lUDF " où se côtoient déserteurs, lâches et corrompus " ne va pas tout à fait dans le sens dune tactique de séduction des notables de droite...
Dans les conditions actuelles où Le Pen est décidé à faire son bravache jusquaux européennes, Mégret après avoir contesté publiquement le choix de lépouse Jany comme tête de liste, na plus quà ronger son frein, faire savoir que les élections européennes " ne sont quun épisode " et préparer darrache-pied laprès Le Pen en vue des élections présidentielles de 2002. Il se place pour lavenir mais na évidemment pas intérêt à pousser plus loin le bouchon de la contestation de Le Pen. Pour linstant. Et cela dautant moins que Le Pen lui-même, sil ne veut pas laisser la bride sur le cou à Mégret, ne soppose pas vraiment à sa tactique en direction de la droite. Il sait bien que les notables de son parti ne peuvent se contenter de ses rodomontades et de ses propos musclés. Il leur faut toujours plus de succès électoraux pour rafler de bonnes places. Sil faut pour cela faire les yeux doux aux politiciens et aux électeurs de droite pourquoi se gêner ?
Cest en tout cas ce qua parfaitement compris Cendrine Le Chevallier, la candidate FN à Toulon qui dimanche soir sest lancée dans un appel vibrant en faveur dune Europe des nations correspondant aux idées de... De Gaulle. Avec cet appel du pied aux électeurs de droite, elle espère récupérer son siège de député dimanche prochain. Il va aussi dans le sens de Mégret qui ambitionne de faire du Front national le vecteur du rassemblement de la droite la plus réactionnaire.
Briser la progression et les ambitions électorales des dirigeants du FN est à la portée du mouvement ouvrier sil reprend confiance dans ses forces et dans ses idées et sil saffirme sur tous les terrains, sapant les bases de recrutement populaire du FN et révélant aux yeux de tout le monde ce quil est : un agrégat de politiciens utilisant les préjugés les plus dangereux pour leurs ambitions personnelles.
Incident a la raffinerie Shell de Petit-Couronne (76) : tout va très bien madame...
Mercredi 16 septembre en milieu de matinée, une panne générale électrique à la raffinerie Shell de Petit-Couronne a entraîné un dégagement important dhydrogène sulfuré (H2S) un gaz toxique qui a pour particularité de sentir " luf pourri ". Les 200 à 300 personnes présentes sur le site ont été évacuées. Le préfet a fait déplacer plusieurs véhicules de pompiers de Rouen mais ceux-ci nont pas eu à intervenir. Sur la raffinerie, les services internes de sécurité ont dû passer dans les unités pour accélérer lévacuation. En effet de nombreux travailleurs reconnaissaient mal les différentes alarmes et ne savaient pas sils devaient rester confinés ou sil fallait évacuer. Fort heureusement aucun blessé na été à déplorer mais cela dit, quelles auraient été les conséquences de nuit ou durant un week-end ? Il a fallu attendre tout de même le début daprès-midi pour que les travailleurs puissent retourner à leur poste. Une enquête est en cours et dores et déjà certaines lacunes sont notables comme la mauvaise reconnaissance des différentes sortes dalarmes (notamment par le personnel dentreprises extérieures) alors que cette procédure dévacuation générale fait partie des mesures de sécurité " normales " et pourquoi ny a t-il pas de système parallèle lorsque les écrans de contrôle du système Honeywell sont inopérants ?
Evidemment côté direction et autorités locales on se montre rassurant. Le directeur affirme que les émanations de gaz étaient internes à la raffinerie et minimes... En réalité, les taux enregistrés par les pompiers du site étaient dix fois supérieurs à la normale !
Pour les habitants de Petit-Couronne, riverains de la raffinerie depuis 1929, cest surtout la persistance dune abondante fumée noire qui séchappait dune des torches (visible dans un rayon de plusieurs kilomètres) qui a intrigué car elle durait plus longtemps que dhabitude. Dans cette petite ville (8200 hab) de la banlieue de Rouen, environnement et pollution sont des sujets sensibles. Nappe phréatique polluée, façades des maisons et immeubles les plus exposés aux fumées de la raffinerie noircies par la poussière, sans parler des problèmes respiratoires fréquents chez les enfants. Tout le monde a des exemples en mémoire, notamment lexplosion en 90 dans un pavillon, à cause démanations de gaz dhydrocarbures dans le sous sol dun quartier du centre ville. A lépoque, la Shell a payé 18 millions de francs de dédommagement à la ville pour quelle renonce à toute action ultérieure. Huit ans après, ça sent toujours les hydrocarbures dans ce quartier y compris dans la halte garderie toute proche.
" Notre volonté est de mieux nous intégrer dans lenvironnement local " disait récemment un dirigeant de la raffinerie dans le journal communal. Si lon en juge par les problèmes denvironnement, le moins que lon puisse dire, cest que " lintégration " a été parfaitement réussie !
Citation : Marx, " A propos du livre de Frédéric List " 1845
" La nation de louvrier, ce nest ni la France, ni lAngleterre, ni lAllemagne, cest le labeur, lesclavage salarié, la vente de soi-même. Son gouvernement nest pas français, anglais ou allemand, cest le capital. Lair quil respire nest pas français, anglais ou allemand, cest lair de lusine. La terre qui lui revient nest ni française, ni anglaise, ni allemande, elle se trouve quelques pieds sous terre. "
Rouen : succès de la fête commune des révolutionnaires
Pour la deuxième année consécutive avait lieu à Rouen, samedi 19 Septembre une fête unitaire de lextrême gauche, organisée par Voix des Travailleurs, la Ligue Communiste Révolutionnaire, la Gauche Révolutionnaire et lAlternative Libertaire. La fête a rassemblé 550 personnes. Le matin même avait lieu une manifestation dans la région elbeuvienne contre les licenciements à Ralston et dans la foulée des représentants du comité dorganisation contre les licenciements ont tenu un stand à la fête pour expliquer leur combat. Laprès-midi, au Havre se déroulait une manifestation des sans-papiers. Certains dentre eux sont venus après la manifestation à la fête ainsi que des représentants parisiens des sans-papiers de Saint-Bernard.
Les débats politiques ont rassemblé beaucoup de monde. Ils ont été animés et suivis avec beaucoup dattention. Les sujets abordés ont été les 35 heures, lEurope, quel parti pour les travailleurs ?, après un an de gouvernement de la gauche plurielle, quelle alternative pour les travailleurs ?, la lutte des sans-papiers, comment lutter contre lextrême droite ?
Lambiance était détendue et les discussions nombreuses. Limpression générale ressentie par beaucoup dentre nous et la plus positive est que les travailleurs, les jeunes et les militants présents à la fête se sentaient du même mouvement. Les collaborations et discussions multiples qui ont eu lieu depuis la fête de lan dernier ont bien sûr joué dans ce sens. Il y a eu les assemblées communes, les bulletins dentreprises communs et une campagne commune aux élections régionales. Nous nous sommes retrouvés aussi au cours de lannée au coude à coude dans le mouvement des chômeurs, la lutte des travailleurs de Ralston contre les licenciements, la lutte des sans-papiers. Mais surtout on a bien vu durant la fête que bien des participants commençaient à prendre conscience du rôle que peut jouer lextrême gauche dans la période qui souvre. Nombreux sont ceux qui se rendent compte quon est à un carrefour, que les révolutionnaires, pour faire face à leurs responsabilités doivent contribuer à lémergence dun parti des travailleurs et être capables de formuler une politique pour lensemble de la classe ouvrière. Les interrogations étaient multiples : comment y parvenir, en rompant avec les formules toutes faites, comment surmonter les obstacles, comment gagner la confiance des travailleurs, des militants du Parti communiste qui ne se reconnaissent pas dans la politique menée par leur parti dans le gouvernement de la gauche plurielle ?
La tenue de cette deuxième fête est déjà en soi une démonstration à une échelle modeste que les bases dun tel parti existent. Une extrême gauche militante, ouvrière, intervenant dans les entreprises de la région, dans la lutte des sans-papiers, dans les associations de chômeurs existe. Rassemblés ensemble à loccasion dune fête, on prend conscience de la force que constitueraient à léchelle du pays tous ces militants, tous ces travailleurs organisés ou non actuellement sils se retrouvaient au coude à coude dans le même parti tout en gardant pour chaque courant sa spécificité.
Perpignan : manifestation contre le " sous travail obligatoire ! "
Le 4 juin dernier, Bourquin, président PS du conseil général des Pyrénées orientales, déclarait " nous avons le projet de mettre nos Rmistes en activité " expliquant que " des possibilités de sanctions existent déjà dans les textes " pour ceux qui refuseraient daccepter un petit boulot de pauvre pour justifier le droit à un revenu de misère. Et ce notable de la gauche gouvernementale a eu laval dAubry pour faire de sa région " un lieu dapplication expérimentale ", en sappuyant sur les propos de Jospin contre une société dassistance .
Cest contre ce projet réactionnaire visant ceux qui subissent le plus les sales coups de la politique des patrons et de leurs politiciens, que les associations de chômeurs ont organisé une manifestation nationale à Perpignan le samedi 19 septembre.
Nous étions un bon millier dans les rues pour exprimer notre dégoût et notre colère contre ce projet, contre la politique de ce gouvernement de gauche, qui, pour aider les riches à senrichir encore plus multiplie ses attaques contre les travailleurs avec ou sans emploi.
La manifestation était très animée avec des slogans, chansons, banderoles, disant " Jospin, Bourquin, Aubry au RMI " " Partage des richesses, pas de la misère " " Non au Sous Travail Obligatoire " etc
Dans les prises de paroles il a été rappelé lexigence dun vrai travail avec un vrai salaire ou un revenu minimum égal au SMIC. Pour bien montrer où prendre largent, un camarade a calculé que la seule fortune dune capitaliste comme Bettencourt, par exemple, en billets de 500 F mis les uns sur les autres constituerait une pile de 11 km de haut !
Deux jours avant la manifestation, Bourquin a fait marche arrière sur le papier. Ce petit recul, dû à notre mobilisation, nous fait un petit plaisir sans être dupes. Cest surtout un encouragement pour continuer les luttes. Car tous les problèmes demeurent et dune façon ou dune autre les attaques continueront. Sur le chemin du retour un camarade disait " on a fait une bonne rentrée cette année, ça promet pour la suite ". Cest le sentiment général : ne pas se laisser faire !
Ralston-Elbeuf : la lutte à un tournant
Après cinq mois de lutte et le blocage de lentreprise avec occupation le 2 septembre, la direction de Ralston a admis le principe de reclasser les 334 personnes dont elle a annoncé le licenciement. Il sagit dun premier recul de la direction grâce à notre lutte collective. Son plan est actuellement : 120 mesures dâge pour les plus anciennes et anciens et des propositions de reclassement chez Giraud (entreprise de logistique) pour une centaine dautres. Mais pour les autres il ny a que des emplois fictifs contre des licenciements bien réels Les travailleurs veulent la garantie de ne pas tomber dans les mains des patrons chasseurs de prime qui embauchent pour rafler la prime et qui licencient ensuite. Les salariés trouvent ce plan de reclassement inacceptable. Un travailleur la clairement dit au directeur : " Pour linstant, on est gentils mais quand il va falloir, ça va barder ". Et même les emplois proposés par Giraud, nous ne pouvons les accepter tels quels. La moyenne dâge est de quarante-six ans et les salariés qui seraient reclassés ne peuvent accepter de perdre leur ancienneté. Pour obtenir un vrai emploi et un salaire équivalent à ce que nous aurions touché chez Ralston, il nous faut une rallonge de 500 000 francs.
Nous avons clairement posé nos exigences devant le directeur jeudi dernier. Devant 200 personnes, une camarade lui a tendu par dérision un sac de 50 patates quil a hésité à prendre.
Samedi 19 septembre nous avons manifesté une nouvelle fois à près de 400 dont des travailleurs dautres entreprises dans les rues de Caudebec et dElbeuf avec toujours le même dynamisme.
ECHO DU BULLETIN " LUTTE DES TRAVAILLEURS-RALSTON " édité par des militants VDT et LCR
INFORMATIONS MEDICALES
La direction pour assurer ses mauvais coups sorganise. Ainsi, nous avons appris par le médecin du travail lors dune formation de remise à niveau de secouriste quil était prévu linstallation dun hôpital de campagne avec un médecin, deux infirmières et des secouristes volontaires lors de lannonce des noms des licenciés. Tous ces gens soutiendraient et soigneraient " les gens qui vont tomber ".
Mais il y a une chose que Ralston na pas prévue : cest que le scénario semballe et ne se déroule pas de cette façon. Que notre colère se transforme en tempête. Dans ce cas le service médical sera utile, pas pour ce quils croient.