éditorial



États riches, patrons et financiers conduisent toute la sociéte a sa perte. Les travailleurs la sauveront en prenant le contrôle de toutes les richesses

A la fin de la semaine dernière le moral des milieux boursiers était, paraît-il, terriblement atteint par la chute spectaculaire du cours des actions. A entendre les médias, c’est tout juste si les salariés mal payés, les chômeurs et les RMistes ne devaient pas compatir au triste sort qu’un mécanisme boursier implacable infligeait aux gros actionnaires !

Bref, on ne pouvait pas laisser ces gens-là dans un tel état dépressif sans rien faire. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus riches, le G7, se sont donc réunis ce week-end pour rassurer les milliardaires qui spéculent dans toutes les Bourses. Ils ont discuté d’éventuelles mesures pour relancer la confiance des financiers. Ils n’en ont décidé aucune. D’abord parce qu’ils représentent des bourgeoisies en concurrence qui n’ont pas envie de sacrifier leur argent pour les intérêts communs des capitalistes du G7. Mais aussi parce qu’ils attendent de voir l’ampleur des conséquences entraînées par la crevaison actuelle de la bulle financière.

Cependant les grandes puissances américaines et européennes se réservent la possibilité de venir au secours des trusts et des banques menacés de faillite en injectant des milliards à droite ou à gauche par le biais du Fonds Monétaire International ou en baissant les taux d’intérêt. Leur but est étroitement égoïste. Elles ne veulent pas que leur marché et leur industrie soient gagnés par la récession qui a frappé brutalement le Sud-Est asiatique, la Russie et qui gagne à présent plusieurs pays d’Amérique latine.

Le désastre que les grands groupes industriels et financiers ont déjà provoqué sur plusieurs continents frappe déjà quelques centaines de millions d’ouvriers, d’employés ou de petits paysans luttant pour leur survie quotidienne. Mais à présent ce sont les profits des capitalistes américains et européens qui risquent un jour d’être en grande partie épongés par une dépression économique à l’échelle mondiale. C’est uniquement cela qui les inquiète.

Ils ne peuvent strictement rien faire pour empêcher une telle éventualité. Ils peuvent tout au plus en reporter l’effet à plus tard aux États-Unis et en Europe. Le gouvernement français aidera jusqu'à un certain point la bourgeoisie à faire face à la récession, en s’attaquant avec une brutalité redoublée aux services publics et à la Sécurité sociale, en disposant des fonds de retraite. Ce sont les " solutions " que les gouvernants préparent ici comme partout sur le dos des classes populaires sous prétexte de maintenir " la croissance ".

Toute une série de charlatans dont les gouvernants de gauche comme Jospin, Aubry et Strauss-Kahn, voudraient nous faire croire qu’il y a un bon capitalisme raisonnable et ordonné qui serait productif et créateur d’emplois et un mauvais capitalisme libéral, spéculatif et parasitaire. C’est le même argument qu’ils nous servent sous une autre forme en prétendant qu’il y aurait une économie " réelle ", fondamentalement saine et créatrice de richesses pour tous et une vilaine économie " artificielle ", ne reposant sur rien mais tout de même capable de menacer de destruction l’économie dite réelle. Comme si banquiers, industriels et actionnaires n’avaient pas partie liée.

Ils peignent en rose ce système d’exploitation dont ils sont les larbins. Ils nous mentent sur son compte parce qu’ils craignent que nous voulions un jour le détruire.

Les travailleurs sont bien placés pour savoir ce qu’il en est de cette fameuse économie réelle qui contraint les uns à des cadences infernales et à des horaires qui désorganisent leur existence, qui jette les autres au chômage et parfois à la rue, " sans domicile fixe " comme disent les policiers. La réalité de l’économie capitaliste dans toute la férocité qui lui est naturelle, nous la vivons tous quotidiennement. Et nous savons que pour permettre à de gros actionnaires de ramasser une mise maximum sur les casinos boursiers, les patrons s’efforceront de réduire tant et plus la part de pouvoir d’achat et en particulier des salaires du monde du travail.

Le capitalisme forme un tout. Il domine le monde entier. Il n’est pas plus contrôlable que les cyclones ou les ouragans qui sont provoqués par la contradiction entre les masses d’air froid et les masses d’air chaud. Les cataclysmes qu’entraîne le capitalisme sont provoqués par la contradiction entre la classe majoritaire des travailleurs qui produit toutes les richesses et la minorité de bourgeois parasites qui s’en approprie l’essentiel pour en gâcher et en détruire une bonne partie. Le capitalisme est ce rapport social d’exploitation. Ce rapport de forces qui nous domine, qui permet de ruiner notre santé et de nous licencier, il faut nous préparer à l’inverser et à le faire disparaître.

Le mouvement ouvrier porte en lui la force, la détermination et les idées pour cela. Son but est clair : pour empêcher le capitalisme d’entraîner la société vers une catastrophe irréversible, il faut le détruire, arracher les leviers de commande à la bourgeoisie, contrôler l’économie et socialiser toutes les richesses et les ressources pour le plus grand bien de l’humanité.

SNCF Région parisienne : la grève pour des embauches fait tache d’huile

Mercredi 7 la grève des cheminots de la région parisienne a commencé à s’étendre. En plus des lignes C et D du RER les banlieues Sud et Est étaient largement touchées. Le ras-le-bol des mécanos a éclaté. Ce sont les agressions qui ont été le détonateur mais le problème, la revendication numéro un des cheminots ce sont les embauches. Partout la direction de la SNCF a tiré sur la corde des effectifs et des conditions de travail. Trop, c’est trop : les mécanos de la banlieue parisienne ont posé le sac. Ils ont mille fois raison et commencent peut-être un mouvement qui pourrait contraindre la direction et le gouvernement à embaucher massivement.

Ce mouvement fait suite à ceux de la ligne C et de la gare Saint Lazare, puis des cheminots de la ligne D et des conducteurs de la RATP qui se sont mis en grève à la suite d’une agression. Le président de la SNCF s’est empressé de déclarer dès la semaine dernière que " la grève n’était pas sa tasse de thé, mais qu’il comprenait cette manifestation de ras-le-bol des cheminots " en qualifiant les agressions de totalement inacceptables. Quelle hypocrisie !

L’insécurité sur les lignes découle directement de la diminution des postes dans tous les secteurs que la direction de la SNCF mène depuis des années et qui se poursuit puisque 1381 postes ont été supprimés rien que cette année. Et ce n’est pas un hasard si les agressions éclatent sur les lignes de banlieue : ce sont les zones les plus durement touchées par le chômage, celles où la dégradation des conditions d’existence a le plus de chance de nourrir la délinquance. La direction prétend répondre au problème en renforçant les effectifs de police, c’est-à-dire en demandant comme elle vient de le faire à 500 CRS de patrouiller quotidiennement dans les gares. Cela ne pourra que tendre la situation et comme le disait un cheminot la semaine dernière : " il ne faut pas prendre rendez-vous au ministère de l’intérieur, mais à celui des finances " si on veut résoudre le problème. La direction s’y refuse bien évidemment, elle poursuit la politique du gouvernement, politique d’économies tous azimuts qui entraîne la dégradation des services publics. Et quand les cheminots posent le problème réel, celui de la création de postes, comme ceux de la ligne C, elle fait la sourde oreille. Ces mouvements de colère révèlent la situation de la société aujourd’hui et l’incapacité de ceux qui se prétendent des dirigeants à résoudre la crise et ses conséquences. Pour eux il faut toujours rogner plus sur ce qui est utile à la collectivité. Ce sont les cheminots qui ont raison, la solution est simple, il faut créer des emplois, augmenter les salaires et cela non seulement dans les services publics mais dans toutes les entreprises.

 

PACS : la défense de la famille a du plomb dans l’aile

Le projet de loi instaurant le " Pacte civil de solidarité ", le PACS, continue à faire se dresser les cheveux sur la tête des calotins de diverses obédiences. Samedi dernier les associations catholiques avaient appelé à de grandes manifestations devant les mairies et les préfectures de trente villes pour " la défense de la famille ". Elles n’ont pas rassemblé plus de 200 ou 300 personnes dans chaque ville, y compris à Paris. Un sacré bide. Les grands prêtres du mariage ont prêché dans un quasi désert. Les familles catholiques ont visiblement préféré les joies païennes du week-end aux rudes tâches de l’ordre moral.

On pourrait se contenter de sourire de la bêtise réactionnaire de tous ces gens qui ne conçoivent les liens humains que dans un seul moule, préparé par les parents, béni par le curé et tamponné par le maire. Mais le problème c’est qu’ils veulent imposer leurs préjugés à toute la société. Ce sont les mêmes qui déclenchent des croisades contre le droit à l’avortement ou pour l’école privée. Les mêmes qui font interdire des publicités ou censurer des livres. Ils sont les représentants les plus remuants de toute une catégorie de petits bourgeois réactionnaires qui sanctifient l’ordre actuel des choses parce qu’ils ont la vanité d’en être des privilégiés. Ils disent vouloir protéger la famille mais c’est la hiérarchie de la propriété qu’ils défendent : l’autorité du riche sur le pauvre, du patron sur l’employé, du mari sur la femme, du père sur les enfants. Cet ordre-là, c’est toute leur morale. Ils se moquent bien des familles ouvrières détruites par le chômage et les conditions de vie intenables.

Quand le gouvernement a fait part de son projet, au début de l’été, il semblait craindre les remous qu’il risquait de provoquer. Les députés de droite se frottaient les mains à l’avance à l’idée de pouvoir rassembler des foules contre le gouvernement. Les craintes de l’un et les espoirs des autres se sont révélés vains. L’opinion publique est largement favorable au PACS, au point que parmi les députés de droite personne ne se bouscule pour porter la contradiction au gouvernement lors du débat parlementaire sur ce sujet. Il est probable que le projet du gouvernement passera. Et les couples non mariés se verront reconnaître certains droits élémentaires. Ce qui est tout de même la moindre des choses, n’en déplaise à tous les intégristes des " liens sacrés du mariage ".