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35 heures : jospin veut faire plaisir à tous les patrons, les petits comme les grands !

Jospin est intervenu la semaine dernière devant l’Union Professionnelle Artisanale pour calmer les inquiétudes des petits patrons devant l’application de la loi sur les 35 heures. Il a admis que la loi sur les 35 heures avait " du mal à apprécier la réalité des micro et des petites entreprises ", et rassuré en disant que la négociation permettrait de trouver " les modalités nécessaires ".

Il se défend même d’avoir fait voter une loi sur les 35 heures en disant que " s’il avait pu trouver en face de lui des interlocuteurs lui proposant une autre démarche, il aurait été prêt à examiner une méthode différente ", même si cela aurait posé " des problèmes avec la majorité dans la mesure où elle se jugeait engagée sur cette question des 35 heures ".

Jospin a tenu à rappeler que son gouvernement avait donné aux petits patrons des raisons de sourire, des cadeaux fiscaux de toutes sortes, baisse des droits de mutation sur les locaux et les logements professionnels, suppression de la TVA sur les terrains à bâtir et surtout baisse de 40 % de la taxe professionnelle pour les entreprises qui réalisent moins de 50 millions de chiffres d’affaires. Mais voilà, les patrons, les petits comme les grands, n’en ont jamais assez : ils veulent pouvoir toucher les aides prévues par la loi Aubry sans devoir embaucher, disposer d’un volant d’heures supplémentaires qui leur permettra de ne pas réduire le travail à 35 heures s’ils ne le veulent pas – Rebuffel, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises réclame même 200 heures alors que le Code du Travail en prévoit un maximum de 130 – et pouvoir payer ces heures à 10 % au lieu de 25 % entre 35 et 39 heures.

A son tour, Aubry a tenu à saluer le " réalisme " des artisans qui " engagent des négociations plus vite que les autres " et elle a rassuré les petits patrons en disant que la deuxième mouture de la loi " sera adaptée aux petites entreprises du commerce et de l’artisanat ". En attendant les entreprises de moins de 500 salariés pourront, en application d’un décret du Journal officiel paru la semaine dernière, disposer d’une subvention pour demander des audits sur l’application de la loi Aubry, 5 000 F par jour hors taxe pour les cinq premiers jours et 70 % de cette somme pour les 13 jours suivants.

Voilà un langage qui tranche avec celui que le gouvernement adopte face aux revendications des chômeurs, des jeunes et de tous les salariés !

 

CDP d’Argenteuil : forte mobilisation contre les licenciements

Depuis le 21 septembre, date où ils se sont mis en grève sans préavis contre une mutation arbitraire et pour de meilleures conditions de travail, 7 jeunes du centre de Diffusion Postale d’Argenteuil sont menacés de licenciement.

Contre ces mesures, la CGT, SUD, la CFDT, la CFTC et la CNT ont appelé à un rassemblement le 21 octobre devant la Direction Départementale de la Poste, la commission devant décider du sort des jeunes siégeant ce jour-là. Seule la CGT appelait à la grève.

Le matin du 21, nous sommes plus de 200 postiers du Val-d’Oise devant la direction. On n’a pas vu ça depuis 95. Et si seulement 3 % du personnel des bureaux de poste est en grève, le Centre de Tri l’est à plus de 46 %. De nombreux grévistes sont venus de tout le département manifester leur solidarité, avec la ferme intention que " ça ne se passera pas comme ça ! "

Les premières informations et résultats de la commission ne font que renforcer notre détermination. Alors qu’un des représentants du personnel, prévenu la veille pour le lendemain, n’a pas pu se libérer, la commission siège malgré tout à quatre de la direction contre 3, et vote les deux premiers licenciements !

Après des tentatives infructueuses de faire annuler la commission ou encore de rétablir la parité lors du vote en enlevant un représentant de la Direction, une seule solution reste : arrêter de force la commission !

Après quelques bousculades et une porte enfoncée, nous nous sommes retrouvés une centaine devant la directrice départementale qui présidait la commission. Comme l’a dit le délégué du centre de tri, on avait rétabli la parité !

Et rapidement, d’accusés, ce sont les jeunes du CDP, soutenus par leur camarades en grève, qui sont devenus accusateurs : un devis de 7 000 francs de réparation que la poste refuse depuis 6 mois de rembourser à l’un d’eux, un sac à dos acheté pour effectuer la tournée dans des conditions acceptables que la Direction propose de rembourser… au fil des mois en heures supplémentaires, des véhicules en surcharge, des dossiers dans lesquels rien ne figure sur le travail effectué par les jeunes… . Tous les postiers présents ont pu voir que la directrice n’avait rien à répondre. Devant notre détermination, elle a demandé à aller dans son bureau pour téléphoner au directeur régional. Après trois heures d’attente, pendant lesquelles une vingtaine de policiers en civil était montée, nous nous sommes invités à notre tour dans son bureau. Les quatre représentants de la Direction en étaient au café et aux petits gâteaux, mais notre arrivée leur a manifestement coupé l’appétit.

C’est donc sous les invectives et au milieu de nos discussions que la direction a dû attendre le coup de fil de la Direction Régionale qui devait rendre le verdict. A 19 heures, tous les postiers du Centre de Tri venus à plus de 70, sont partis faire une nouvelle assemblée générale pour la brigade de nuit, qui est repartie en grève pour la deuxième nuit consécutive à plus de 30 %.

Ce n’est qu’à 22 heures que le coup de fil annonçant la suspension de tous les licenciements, y compris de ceux qui avaient été votés le matin, est enfin arrivé. Après en avoir obtenu la garantie écrite et signée de la directrice, chacun a pu rentrer chez soi, satisfait d’une belle bataille menée. Le lendemain au Centre de Tri, tout le monde se racontait la journée et l’ambiance était au beau fixe. Le surlendemain, la Direction Régionale sous la menace d’autres mouvements de grèves dans les CDP de la Région parisienne et de province, a finalement annoncé l’annulation des procédures de licenciements, et l’ouverture de négociations sur l’attribution de véhicules postaux aux CDP.

 

CHU de Bordeaux… la gestormania

Au CHU de Bordeaux, dans sa volonté de supprimer des postes, la direction cherche par tous les moyens à contrôler les mouvements du personnel à la minute près.

Il y avait eu le plan " Paquebot " imposé depuis quelques années dans certains services avec un temps de travail à la carte... de la direction ; puis les S.S.I.P.S, système grâce auquel la direction voudrait quantifier la charge de travail en voulant nous faire noter chacun de nos actes... ; et aujourd’hui on a le plan " GESTOR " qui est l’informatisation de nos roulements par l’encadrement, avec au bout quelque chose qui ressemble fort à une annualisation du temps de travail.

A l’Hôpital-Sud, les USN ont été décrétés bâtiment pilote pour son expérimentation pendant un an. Depuis le premier septembre, les surveillantes tapotent sur l’ordinateur, et il n’a pas fallu longtemps pour que des anomalies apparaissent. L’une d’entre nous, infirmière, a eu la bonne surprise d’apprendre qu’elle devait 8 jours, une autre 3. Un collègue, lui, était censé devoir 2 h 48... Après vérification de notre part, c’était tout le contraire !

Mardi dernier, nous étions 27 à une réunion d’information syndicale CGT pour chercher les moyens de s’opposer à Gestor. Plusieurs d’entre nous ont dénoncé le manque de personnel dans les services. Mais à la surprise de l’assemblée, une déléguée défendait le " positif " de Gestor, déclarant qu’il faut " que les surveillantes s’habituent à la machine ".

Lors de cette réunion, nous avons également discuté de la tentative de la direction d’obliger le personnel de nuit à passer un mois par an de jour, ce qui oblige en même temps des camarades de jour à passer de nuit pour les remplacer. Cela, sous le prétexte qu’il faudrait se remettre dans le bain, alors qu’il s’agit pour la direction d’essayer de nous habituer à tourner pour nous auto-remplacer. Après plusieurs assemblées de personnel et devant notre mécontentement, la direction avait reculé. Mais nous avons appris depuis que les syndicats ont demandé une enquête pour voir si certains parmi le personnel seraient d’accord pour cela. Pour la majorité d’entre nous, mardi, il n’y avait pas besoin d'enquête, " il n’est pas question de revenir là dessus, c’est au volontariat ". La déléguée, bafouillant un peu, a quand même dit " après tout, s'il y a une minorité à qui cela plaît... ". Mais devant nous qui commencions à bien comprendre la manœuvre, elle s’est sentie obligée de rajouter " mais on pourrait envisager des formations de nuit ". Personne n’étant dupe, nous nous sommes dit que nous serions vigilants et qu’il fallait renouveler ces assemblées le plus souvent possible.

 

Hôpital Trousseau de Tours : des blocs... d'économie et une colère qui grimpe

L'hôpital Trousseau de Tours fait partie d'un CHU qui emploie plus de 5000 salariés.

Depuis 4 ans, l'Etat a mis l'administration du CHU sous tutelle directe, sous le prétexte d'un endettement le plus élevé de tous les CHU de France. Et depuis, le " redressement " du CHU se fait au prix de coupes sombres dans le personnel, de gel des postes de titulaires, d'embauches et de débauches de nombreux contractuels dans tous les services.

Ainsi, dans les blocs opératoires des urgences, plus de 30 % du personnel est embauché en CDD. De plus, pour pallier au manque de salles disponibles aux blocs du 3ème, nous sommes devenus quasiment une annexe des étages. Notre charge de travail ne cesse pas d'augmenter, sans qu'il y ait la moindre création de postes supplémentaires. Pire, le stress aidant, de nombreux collègues n'en peuvent plus et tombent régulièrement malades, vidés et épuisés. Rien que pour assurer notre service propre à l'activité des urgences, sur 24 heures, il faudrait 24 personnes dans chaque catégorie de soignants. Or, à l'heure actuelle, nous sommes tout juste 14 pour assurer tous les blocs.

Alors, à force de réclamer et de ne rien obtenir, nous avons décidé de ne plus assurer les astreintes (non légales) qui nous sont imposées pour, en fait, boucher les trous l'après-midi.

Et à force de discuter entre nous et de voir que rien ne bouge du côté direction, l'idée de se mettre en grève commence à germer dans nos têtes. A suivre...

 

Le ras le bol des conducteurs de bus et trains face à l'insécurité et à la dégradation de leurs conditions de travail

Les grèves se multiplient dans les bus et les trains de banlieue des grandes villes pour protester contre la multiplication des agressions. La baisse constante des effectifs, la suppression massive de postes de contrôle et de sécurité sur les lignes de bus ou de trains de banlieue a conduit à une dégradation des conditions de travail qui s'exprime aujourd'hui par le ras-le-bol des salariés du transport et la multiplication des grèves.

Si jusque-là les grèves touchaient surtout les réseaux de transports de la région parisienne, les réseaux de province sont aujourd'hui eux aussi largement touchés par le mouvement de grève.

Depuis mercredi dernier, des grèves ont éclaté dans une dizaine de villes de province, et sur des régions entières comme la Picardie ou l'Ile-de-France. La plupart ont démarré à la suite d'agressions.

Les conducteurs expriment leur ras-le-bol de l'insécurité, des agressions dont ils sont victimes. Nombreux sont les conducteurs qui disent commencer leur service " la peur au ventre ", quand ils savent qu'ils auront à traverser, seuls au volant, certains quartiers ou banlieues en proie à la violence.

A Marseille par exemple, les agressions dans les transports en commun ont triplé en 4 ans, atteignant le chiffre de 1495 en un an. La direction a répondu aux cheminots des trains express régionaux (TER) par la politique du " surtout pas de vague " et elle a supprimé les contrôles sur les lignes réputées chaudes de la banlieue nord.

Partout les conducteurs et contrôleurs des transports publics sont confrontés à une politique d'économie dans les transports publics, qui s'est traduite ces dernières années par la réduction au minimum des effectifs et la dégradation des conditions de travail, par la montée de l'insécurité et les agressions dont les employés font les frais.

En novembre dernier, à Lille, la direction avait répondu à la grève des conducteurs de bus en faisant appel à une compagnie de CRS affectés sur les lignes. Les conducteurs sont bien conscients que de tels moyens ne règlent rien, et ils sont partout déterminés à refuser de faire les frais de la politique du gouvernement et des collectivités locales et à exiger de l'embauche.

 

50ème jour de grève de la faim à Bordeaux

Les 20 sans-papiers de Saint-Paul sont aujourd’hui à un tournant. 7 d’entre eux ont été hospitalisés et regagnent l'église les uns après les autres, toujours aussi déterminés. Ceux qui sont régularisés et ceux qui ne le sont pas restent solidaires pour obtenir la régularisation de tous. Mais la Préfecture continue de faire la sourde oreille, préférant prendre le risque d’un accident grave plutôt que de céder.

La solidarité ne se dément pas et la manifestation, mardi soir, au centre ville, a regroupé près de 400 personnes très déterminées, militants syndicalistes et d’extrême-gauche, immigrés et jeunes qui scandaient : " régularisation de tous les sans-papiers " et, devant le cordon de flics protégeant le logement du Préfet : " police partout, justice nulle part ". En passant devant l’hôpital où se trouvait encore un des grévistes, la manif s’est arrêtée et les noms des 20 grévistes ont été rappelés solennellement à la sono. Ces travailleurs exigent le droit de vivre dignement et librement en travaillant. Ils ont besoin de notre soutien.

MANIFESTATION samedi 31 octobre à 15 heures, place de la VICTOIRE.