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A propos de l’échec du projet de revue " RENCONTRES MILITANTES ", une occasion de clarification politique

Depuis la Rencontre militante ouvrière de janvier dernier organisée par la Fraction minoritaire de LO (l’Etincelle), la Tendance Révolution ! de la LCR et Voix des Travailleurs, nos trois tendances ont discuté ensemble d’un projet de revue commune " en phase avec l’activité pratique militante, prioritairement ouvrière ". Elle était destinée à répondre au besoin d’informations et de confrontations entre militants d’entreprises. Elle devait également permettre l’affirmation de positions communes entre nos trois tendances mais aussi être le cadre de débats fraternels entre nous.

Ce projet a momentanément échoué. Tandis que la rédaction du premier numéro était déjà très avancée, un désaccord est intervenu entre nous à propos du contenu de l’éditorial. Les camarades de la Fraction et de la Tendance R ! ont estimé conjointement que l’éditorial devait porter exclusivement sur la liste LO-LCR et qu’aucun article exprimant une différence de point de vue entre nous sur cette question ne devait y figurer. Pour notre part, nous étions d’accord pour que nos trois tendances affirment ensemble leur soutien sans réserve pour cette liste en le situant dans le contexte politique et social. Mais nous tenions également à pouvoir exprimer dans quelle perspective nous considérions la liste LO-LCR comme un fait positif en soi. Le refus de nos camarades de la Fraction et de la Tendance R ! n’a pas permis que l’expérience de la revue aboutisse, ce qui est dommage mais ne remet pas en cause les relations que VDT poursuivra avec ces deux tendances.

Pour nous, le fait que nos trois tendances gomment entre elles leurs différences de point de vue sur la liste LO-LCR aurait donné l’impression fâcheuse d’un ralliement pur et simple à l’accord passé entre les directions de LO et de la LCR. Or, nous estimons qu’il s’agit d’un accord de compromis qui se veut uniquement électoral alors que toute la situation impose aux révolutionnaires d’envisager leurs tâches, y compris la campagne des européennes, avec une toute autre envergure pour avancer dans la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires.

Il n'était pas possible d'accepter que le premier numéro d'une revue de débat censure le point de vue de l'une de nos trois tendances. Tout le projet s'en trouvait déformé. La revue devenait un moyen de nous faire accepter le point de vue de F et de R!. Ces camarades nous plaçaient devant le choix : ou vous acceptez ou il n'y a pas de revue. C'était inacceptable.

Comme quoi il ne suffit pas d'être minoritaire et de se dire démocratique, pour se plier aux règles de la libre discussion. Pourtant, c'est bien de ces mœurs frileuses où la critique et l'expression de points de vue divergents dérangent dont le mouvement révolutionnaire doit se dégager.

Dans un souci de transparence et pour préparer le dépassement de cet échec, nous tenions à livrer à nos lecteurs ces précisions et nous publions l’éditorial qui était proposé par VDT ainsi que l'article que nous proposions de publier sous notre signature à propos de la liste LO-LCR (voir page 4).

La discussion comme les collaborations entre nos trois tendances continuent.

 

Proposition d’éditorial

La publication de cette revue conçue et éditée par trois tendances révolutionnaires intervient dans un contexte politique et social très riche et très prometteur pour tous ceux qui se soucient de renforcer le camp des travailleurs, des chômeurs, des exclus et des jeunes. Cette affirmation peut sembler paradoxale puisque le gouvernement et le patronat continuent à asséner des coups très sévères contre le monde du travail. Mais les ripostes locales et les mobilisations plus larges se font aussi plus nombreuses et plus déterminées, même si elles n’ont pas encore convergé ni provoqué une crise politique et sociale.

Mais les éléments d’une telle crise à venir s’accumulent. Le gouvernement de la gauche plurielle a dévoilé depuis deux mois un visage plus ouvertement agressif contre les catégories de la population qui se mettent en lutte. Jospin a employé les mêmes arguments réactionnaires que les ministres de l’Intérieur de droite pour faire savoir qu’il n’était pas question de régulariser les sans-papiers. Ses propos ont été relayés par l’intervention de la justice et de la police contre eux. Ils luttent avec un grand courage pour un droit élémentaire : celui de ne pas vivre dans la hantise d’une expulsion vers un pays d’origine où règnent la misère et un régime dictatorial à la solde des capitalistes et de l’Etat français. C’est une leçon politique édifiante sur le gouvernement aussi bien pour les sans-papiers que pour tous ceux qui se battent à leurs côtés.

La rentrée en politique des lycéens avec le slogan de 1995 " Tous ensemble… " laissera des traces durables et précieuses pour les luttes futures de la jeunesse. Ils rejettent cet avenir de chômage et de travail précaire que leur réserve cette société. Leur refus des conditions lamentables d’enseignement s’est heurté à une fin de non recevoir de la part du gouvernement. Là encore la leçon politique sera des plus utiles pour la partie la plus consciente de la jeunesse lycéenne qui a vu la rouerie d’Allègre, usant d’une démagogie doucereuse pour finalement ne rien leur accorder.

Les illusions régressent de plus en plus au sein des entreprises sur le compte du gouvernement de la gauche plurielle, complice des attaques du grand patronat contre les salariés, quand il n’en est pas lui-même le vecteur dans les services publics, le secteur nationalisé qu’il continue à privatiser à tour de bras ou qu’il refuse de subventionner comme aux ACH du Havre.

La grève des cheminots pour obtenir davantage d’embauches révèle le mécontentement profond de cette fraction de la classe ouvrière qui fut en pointe dans le mouvement de 1995. Elle confirme qu’une bonne partie des cheminots a retenu les leçons de ce mouvement et refuse de se replier sur le corporatisme. Ils auront à tirer les conséquences de l’attitude des fédérations syndicales qui ont sauvé la mise au gouvernement en refusant de coordonner les différents foyers de grève.

Face à la menace d’un nouveau mouvement des privés d’emploi encore plus important que l’an dernier, Jospin a adopté une attitude provocante. Cela ne peut qu’attiser la détermination des chômeurs qui reprennent le chemin de la lutte contre ce gouvernement.

La fermeté arrogante de ce gouvernement face aux salariés, aux chômeurs et aux jeunes n’est en rien contrebalancée par l’attitude des députés de gauche, des responsables des partis de la gauche plurielle ou des appareils syndicaux qui se contentent dans le meilleur des cas de murmures ou de protestations de pure forme. Tout cela provoque un discrédit de plus en plus fort à leur égard.

Cela ouvre des possibilités mais entraîne aussi des responsabilités nouvelles pour les révolutionnaires, toutes tendances et organisations confondues. Les commentateurs politiques dans les médias évoquent tous le risque que le débouché politique naturel des luttes et du ressentiment à l’égard de la gauche traditionnelle soit cette extrême-gauche, fréquemment présente dans les mobilisations et ayant désormais une certaine crédibilité électorale.

Rencontres militantes : une nécessité pour comprendre et agir

La publication de cette revue va donc se faire pour répondre à son niveau aux multiples problèmes de compréhension et d’intervention qui vont se poser aux révolutionnaires.

Pourquoi avons-nous intitulé cette revue " Rencontres militantes " ? L’idée même de cette revue est née à l’occasion de la rencontre militante ouvrière qui s’était tenue le 10 et 11 janvier 1998 en banlieue parisienne à l’initiative de la Fraction Communiste Révolutionnaire (l’Etincelle) et de la tendance Révolution ! de la LCR, la tendance Voix des Travailleurs étant associée à l’organisation de cette rencontre. Nos trois tendances avaient tiré un bilan extrêmement positif de cette rencontre qui avait regroupé près de 500 personnes. A travers les différentes discussions, le besoin s’était exprimé d’un lieu de confrontation militante et politique autour des questions qui se posent aux révolutionnaires dans leur intervention.

Cette revue se veut un outil, parmi d’autres qui ne manqueront pas de se créer, pour répondre à ce besoin. Elle se veut un instrument au service de tous ceux qui veulent contribuer à la renaissance du marxisme révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier et de la jeunesse.

Rompre avec les raisonnements sectaires est une nécessité vitale pour le mouvement révolutionnaire. La confrontation fraternelle des politiques menées permet d’en vérifier le bien-fondé et prépare les progrès futurs du mouvement révolutionnaire. Aucune de nos trois tendances ne cherche à gommer les divergences réelles au nom d’on ne sait trop quelle unité mais nous voulons tous sortir du climat d’ignorance réciproque qui justifie les clivages sans aucune relation avec les divergences.

Le premier sujet abordé dans ce numéro illustre cette volonté qui nous est commune. Nos trois tendances considèrent la constitution très probable d’une liste Lutte Ouvrière-Ligue Communiste Révolutionnaire pour les élections européennes comme un fait politique très important et en soi très positif. Elle permettra à une fraction notable du monde du travail d’exprimer son mécontentement en votant pour une liste d’extrême-gauche. Cette liste commune à deux organisations révolutionnaires est susceptible de faire jeu égal, voire de dépasser la liste d’un Parti communiste discrédité par sa participation et son appui au gouvernement Jospin. La constitution de la liste LO-LCR intervient dans le contexte général de recul irréversible du stalinisme et de début de réveil du mouvement ouvrier depuis 1995 tant au niveau de ses luttes que des progrès de sa conscience.

Nos trois tendances soutiendront cette liste sans réserve et feront campagne pour elle. A la lecture des trois contributions respectives sur ce sujet, le lecteur découvrira en quoi réside la convergence de nos points de vue et en quoi consistent nos différences d’appréciation sur le contenu et la portée de cette liste et plus fondamentalement nos différences de mise en perspective de ce fait politique.

Qui s’en étonnera et qui s’en plaindra ? Chaque tendance a sa propre histoire et son propre positionnement qui ont engendré une perception différente des problèmes et de la situation présente. Ces différences n’affectent en rien le socle programmatique qui nous unit en tant que marxistes révolutionnaires intervenant au sein du mouvement ouvrier. Nous abordons ces différences comme des éléments politiques devant contribuer à nous enrichir mutuellement et à assurer nos progrès communs. Faisant fi des dialogues convenus ou des unités de façade cachant les enjeux, nous voulons mener entre nous des débats démocratiques et fraternels publiquement afin que d’autres militants en soient juges et puissent y participer.

Nous voulons aussi offrir des éléments concrets de réflexion et des matériaux utiles à l’intervention des militants dans les entreprises. Nous abordons ici la loi Aubry sur les 35 heures et la question de la réduction du temps de travail sous différents angles au travers d’un dossier réalisé entièrement en commun par nos trois tendances et au travers de correspondances ouvrières de militants de VDT.

Nous relatons par ailleurs ce qu’a été le mouvement des travailleurs de Ralston contre un plan de licenciements, mouvement au cours duquel des militants et des sympathisants de la LCR et de VDT ont joué un rôle important. Les difficultés rencontrées au cours de cette mobilisation et les possibilités révélées par cette expérience de démocratie ouvrière peuvent apporter un éclairage utile dans d’autres luttes ouvrières.

Ce premier numéro se conclut par un article rédigé par un camarade de la Fraction (l’Etincelle) sur le mouvement des lycéens. Ce mouvement d’octobre 1998 constitue un défi pour les révolutionnaires qui devront faire en sorte de gagner aux idées marxistes révolutionnaires une partie de ces jeunes afin de redonner l’élan et l’enthousiasme nécessaire à un mouvement ouvrier en train de se reconstruire après des années de trahison et de démoralisation. Y parvenir constituera un pas décisif dans l’émergence d’une nouvelle force politique d’extrême-gauche, c’est-à-dire dans la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires.

le 04-12-98

 

Anton Panekoek : Théorie marxiste et tactique révolutionnaire, 1912

Ce qui distingue les organisations ouvrières de toutes les autres, c'est que chez elles la soumission totale de l'individu au collectif, la solidarité, se développent comme l'essence de l'humanité nouvelle, en devenir, et en font la force. L'organisation prolétarienne unifie la masse qui était précédemment éparpillée, sans force aucune, elle en fait un être doté d'une volonté consciente, d'une force autonome. A travers elle, c'est un peuple qui commence à s'auto-administrer, à déterminer son propre sort, commence ainsi à rejeter la contrainte externe qui pèse sur lui. Par son biais, se constitue la seule force capable de jeter à bas la domination des exploiteurs…"

 

La liste Lutte Ouvrière - Ligue Communiste Révolutionnaire, simple accord électoral, ou ouvrir la perspective d’un parti des travailleurs.

Proposition d’article de Voix des travailleurs pour la revue Rencontres militantes

A l'occasion de l'assemblée fédérale des Verts, qui s'est tenue le week-end du 15 novembre, Daniel Cohn-Bendit a ironisé avec une démagogie qui ne masquait pas le dépit contre la liste Lutte Ouvrière - Ligue Communiste Révolutionnaire, déclarant : " j'espère qu'Alain trouvera un meilleur Pacs qu'avec Arlette Laguiller ". L'irrévérence de la jeunesse a cédé la place à la vulgarité repue de l'arriviste qui ne peut dissimuler son mépris social en attaquant Arlette Laguiller, pas plus que son mépris pour les idées et les combats qu'il a depuis longtemps reniés en attaquant Alain Krivine.

Il joue son rôle, ce pour quoi il est commandité, faire pièce à l'extrême-gauche au moment où le Parti communiste complètement discrédité est incapable de s'opposer à la progression des idées de la contestation sociale, de la dénonciation radicale de la politique de la bourgeoisie et de ses serviteurs socialistes, les idées de la lutte de classe.

Gremetz essaie de rendre Robert Hue responsable de la constitution d'une liste unitaire d'extrême-gauche, lui reprochant de n'avoir pas su faire des propositions suffisamment alléchantes à la Ligue communiste révolutionnaire. Lui aussi raisonne en bureaucrate qui croit que tout s'achète. Hermier, paraît-il opposant au sein du PC, y va lui aussi de ses petites attaques contre la liste "gauchiste". Elle les dérange, elle leur fait peur, et c'est très bien.

Les Verts comme le PC devront s'y faire, et surtout ceux dont ils sont les satellites et les vaillants larbins, les socialistes (" Je veux que Lionel Jospin gagne l'élection présidentielle ", a dit Cohn-Bendit). Il y aura une liste d'extrême-gauche et cette liste pourrait bien faire un score supérieur à celles qui sont lancées dans l'arène pour dévoyer le mécontentement, le canaliser en lui permettant de s'exprimer pour des partis gouvernementaux. Oui, les élections européennes de juin 99 pourraient bien représenter une date historique à un double point de vue. D'abord, ce serait la première fois qu'une liste d'extrême-gauche constituée par deux organisations trotskistes pourrait faire plus que la liste du Parti communiste et ensuite parce qu'elles indiqueraient l'amorce d'un contrecoup du balancier politique. Après avoir basculé dans le sens des idées réactionnaires - l'extrême-droite exprimant le mécontentement d'une fraction de l'opinion populaire -, l'axe politique se réorienterait au profit du mouvement ouvrier, des idées de progrès et de démocratie, en s'exprimant sur une liste d'extrême-gauche. Cela confirmerait les débuts d'une remontée du mouvement ouvrier, d'une renaissance même.

Nous soutenons donc, sans réserve et sans condition, cette liste et ferons campagne pour elle.

Cela ne signifie pas, chacun le comprendra, taire ses critiques. L'on ne peut que regretter que tant Lutte ouvrière que la Ligue communiste se contentent jusqu'à aujourd'hui de présenter leur liste commune comme un simple accord électoral.

Notons au passage que même si nous soutenons sans condition cette liste, nous ne pouvons manquer de regretter que des militants qui représentent l'extrême-gauche dans les villes où ils militent ne puissent pas y figurer, ce qui serait légitime s'ils n'avaient été exclus de Lutte ouvrière pour avoir voulu discuter de la nécessité de faire de l'appel d'Arlette Laguiller au lendemain des élections présidentielles à la constitution d'un parti des travailleurs, une politique. Cela éclaire les limites dans lesquelles risque de se maintenir la liste commune.

L'essentiel est cependant que cette liste existe. Le fait politique est là, il a sa propre logique, sa propre dynamique.

Cette logique, cette dynamique ne pourra s'arrêter aux seules élections. Dès aujourd'hui, c'est dans une perspective plus large que les révolutionnaires doivent envisager la campagne électorale qui s'amorce. Cette perspective ne peut être que la fondation d'une nouvelle force politique indépendante du gouvernement, représentant le monde du travail, des chômeurs, des exclus, des jeunes.

C'est dans cette perspective là que "Voix des Travailleurs" milite pour un regroupement des révolutionnaires et a engagé des discussions avec la LCR. Ces discussions sont indépendantes des élections elles-mêmes, mais elles sont directement inscrites dans ce que ces élections vont révéler et accélérer, à savoir la transformation des consciences d'une fraction notable du monde du travail qui se reconnaît dans l'extrême-gauche.

Et cette évolution n'est pas un heureux accident de parcours, elle est l'aboutissement et l'issue d'un tournant social et politique qui, depuis 95, s’est manifesté tant dans les élections que dans les mouvements sociaux. Elle met les révolutionnaires devant de nouvelles responsabilités sous peine de décevoir.

Lutte ouvrière et la Ligue communiste, en s'orientant vers une liste commune, ont l'une et l'autre tourné le dos à leur politique passée, celle d'un repli sur soi-même pour la première, celle d'une recherche d'alliances à sa droite pour la deuxième. Façon pour l'une et l'autre de s'adapter à l'évolution des conditions objectives qui, en créant un vide politique à la gauche des partis gouvernementaux, un vide politique au sein du monde du travail, poussent les militants du mouvement ouvrier fidèles aux intérêts de leur classe à unir leurs forces, à se regrouper, à constituer quoi qu'en disent les uns et les autres, un pôle des révolutionnaires.

Ce virage, une fois opéré, appelle un nouveau virage, qui conduit à situer la campagne électorale dans la perspective de regrouper autour de la liste les éléments les plus conscients parmi les travailleurs et la jeunesse, les plus avancés dans l'émancipation des préjugés réformistes, dans la rupture avec les partis de la gauche gouvernementale, susceptibles de constituer les forces vives du futur parti.

Pour des révolutionnaires qui ne comptent pas sur les élections pour changer le sort de la classe ouvrière, une campagne électorale a pour fonction d’œuvrer à l'organisation de la classe ouvrière, pour la préparer à ses luttes en l'aidant à prendre conscience de ses propres intérêts, à se compter, à mesurer l'évolution des consciences à travers les scores électoraux.

C'est pourquoi d’ailleurs aucun programme électoral ne peut être détaché de la nécessité de l'organisation et de la mobilisation du monde du travail sous peine de tomber dans l'électoralisme.

Ni Lutte ouvrière, ni la Ligue communiste révolutionnaire n'échapperont à ces questions. Aucun parti ne peut naître d'un simple accord électoral, pas plus que d'un simple appel. Il ne peut naître que de la convergence d'une volonté politique et militante clairement affichée et des initiatives d'une fraction de la classe ouvrière et de la jeunesse à la recherche d'idées, de perspectives politiques, de moyens et de cadres organisationnels. Certes, nous dira-t-on, mais il n'est pas possible d'effacer des années de séparation en quelques semaines, prétendre l'inverse est démagogique et irresponsable. Indiscutablement, il faut du temps pour se libérer des erreurs passées, des faiblesses pour répondre aux exigences de l'avenir. Ce n'est pas nous qui dirons l'inverse. L'unification des forces révolutionnaires ne peut résulter d'une seule proclamation de bonne intention. Il serait naïf voire hypocrite de le prétendre. Elle suppose de surmonter des divergences du passé, de définir les objectifs communs, les tâches auxquels nous devons faire face, les uns et les autres, les différentes réponses que nous formulons. Elle suppose une confrontation théorique, politique et pratique. Donc une volonté politique.

Pour notre part, c'est en toute solidarité avec nos camarades de Lutte ouvrière et de la Ligue communiste révolutionnaire que nous mènerons campagne, animés de la volonté politique d'œuvrer au regroupement des forces tant à " la base " qu'au " sommet ", pour que l'espoir que fera naître la liste d'extrême-gauche n'avorte pas d'une dérobade, mais soit bien un pas décisif vers un parti démocratique des travailleurs révolutionnaires.